Cela faisait longtemps que j’hésitais à démarrer ce blog, plus par peur de ne pas trouver le temps que par manque d’envie ! En termes de chiffres, vous pouvez l’imaginer, j’ai l’embarras du choix pour débuter ce tour du monde de l’éducation…
Mais, après réflexion, le mieux est d’attaquer dans le vif du sujet, de positionner l’école française par rapport à ses voisins ; on aura le temps, par la suite, de parler des universités. Disons-le donc clairement et une bonne fois pour toute, la France est dans la moyenne des 34 pays de l’OCDE évalués dans PISA. Les plus optimistes diront que la situation n’est donc pas aussi alarmante qu’on le prétend souvent ; les autres, qu’elle n’est pas aussi brillante que ce que l’on pouvait escompter, surtout par rapport à l’investissement financier consenti ou encore à l’image positive que le mot « éducation » véhicule dans notre conscience collective.
Si on s’arrête à cette lecture, on pourrait intituler cet article « France, encore un effort… » ou tout autre titre de la même veine déjà lu à maintes reprises. C’est donc le moment pour ceux qui ne souhaitent pas entendre de messages plus pessimistes de détourner les yeux de l’écran, pour les autres, on continue.
Le système français est inégalitaire…
Alors certes, le système d’éducation français obtient, dans l’enquête PISA, des performances équivalentes à la moyenne des pays de l’OCDE, mais il est devenu de plus en plus dichotomique : d’un côté, soutenu par ses bons éléments qui représentent environ 1/3 des élèves âgés de 15 ans (contre 28 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE), mais de l’autre, se dégradant par le bas et conduisant chaque année 150 000 jeunes à quitter l’école sans diplôme, et donc à se retrouver en situation d’extrême précarité sur le marché du travail.
Plus encore, le poids des inégalités sociales n’a jamais été aussi fort pour expliquer les performances des élèves de 15 ans et le taux d’échec scolaire est passé, en 10 ans, de 15 % à 20 %. C’est au fond actuellement le chiffre le plus alarmant du système français, celui qu’il convient de corriger car il est anormal que la France (après la Nouvelle-Zélande) soit le pays où la corrélation entre le milieu socio-économique des parents et les résultats des élèves de 15 ans est la plus forte .
…mais ça n’est pas une fatalité.
Tout n’est quand même pas à jeter dans la structure de l’école française. Gardons en tête qu’un tiers des élèves s’en sortent relativement bien. Cependant, le système doit évoluer, et de façon urgente, pour aider ceux qui sont en difficulté scolaire. Telle est la clé de la réussite ou, tout du moins, la clé de l’amélioration ! Tous les efforts doivent converger vers cet objectif. Pour ce faire, il convient désormais de réfléchir aux solutions pouvant aller dans ce sens. En premier lieu, accepter que le redoublement n’est pas la meilleure méthode pour faire face à la difficulté scolaire (plus d’un élève sur trois a redoublé au moins une fois en France à l’âge de 15 ans, contre 13 % en moyenne dans les pays de l’OCDE), et qu’il faut donc – comme dans un nombre croissant de pays de l’OCDE – individualiser l’enseignement. Pour y parvenir, il faudrait que les rythmes scolaires soient adaptés et les enseignants bien préparés, ce qui n’est pas le cas pour le moment.
Cela veut donc dire que la formation des enseignants doit être revue en profondeur, pour qu’elle laisse une plus grande place à l’acquisition de méthodes pédagogiques fiables permettant de faire face à des classes hétérogènes, et surtout pour que les enseignants soient opérationnels dès leur entrée dans ce métier. Il convient de rappeler à ce titre que les réformes dans ce sens mises en œuvre en Finlande dans les années 90 expliquent, en grande partie, la réussite de ce pays dans l’enquête PISA et notamment son succès par rapport aux autres pays nordiques qui ont des systèmes d’éducation relativement similaires.
Il est également important, quand on parle de la formation des enseignants, de repenser la question de leur première affectation, car les statistiques nationales sont cruelles et montrent que, bien souvent, les jeunes enseignants se trouvent parachutés dans les établissements les plus difficiles sans préparation ni encadrement. Ils en sortent, pour certains d’entre eux, complètement découragés alors qu’ils viennent juste de débuter dans ce métier ! Par opposition, on aime bien, à l’OCDE, citer l’exemple de la ville de Shanghai (19 millions d’habitants, presque un pays à elle seule), où les meilleurs enseignants et chefs d’établissement sont systématiquement affectés dans les établissements les plus difficiles. Pour cela, de nombreuses incitations financières et avancées de carrières leur sont proposées. À méditer…
Enfin, il faut s’assurer que les enfants maîtrisent les fondamentaux. Le diagnostic est clair aujourd’hui et toutes les études, qu’elles soient internationales ou nationales, convergent pour montrer que les inégalités et difficultés observées en France naissent dès l’école maternelle pour ensuite perdurer jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire et bien sûr, au-delà.
Des progrès rapides sont possibles.
Alors certes, c’est un grand chantier en perspective et indiscutablement, le système d’éducation français est inégalitaire. Mais cela n’est pas pour autant une fatalité ! D’ailleurs, des pays comme l’Allemagne, la Pologne et le Portugal ont rattrapé leur retard sur la France entre 2000 et 2009 en axant justement leurs réformes sur la réussite des élèves en échec scolaire ou issus des milieux défavorisés. Tous les progrès sont donc permis quand les moyens sont concentrés sur un objectif bien défini !
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