Saturday, September 22, 2012

Linvité du zoma du 21 septembre 2012


Concepts de défense


Désignation par le président de la République française du général d’armée aérienne Jean-Paul Paloméros au poste de Commandant suprême allié de la Transformation (6 août 2012)

Le général Paloméros est actuellement Chef d’état-major de l’armée de l’air française. Il prendra ses nouvelles fonctions à la fin du mois de septembre 2012 au Quartier général du Commandement suprême allié de la Transformation à Norfolk, aux Etats-Unis.

Introduction

Tout en restant attachée au principe d’indépendance nationale et soucieuse de la protection de ses intérêts dans le monde ainsi que du respect des valeurs démocratiques, la France apporte une attention particulière à sa politique de défense et l’adapte constamment aux évolutions de la menace et du contexte international.
Le contexte stratégique s’est profondément transformé. Il se caractérise par une situation internationale durablement dégradée et marquée par l’imprévisibilité, par l’accroissement très sensible des risques dus à la poursuite de la prolifération des armes de destruction massive, ainsi que par le changement d’échelle des menaces liées au terrorisme. Par ailleurs, le développement de l’Europe de la défense, que la France encourage activement, l’engage davantage que par le passé dans la construction des capacités militaires européennes.
Sommaire

1. La doctrine française

Le concept français de défense, défini dans l’ordonnance du 7 janvier 1959, assigne à la politique de défense de la France trois objectifs :
- Défendre les intérêts vitaux du pays, dont la définition relève du président de la République et qui comprennent, notamment, la population, le territoire et le libre exercice de la souveraineté. Parallèlement, la France doit également assurer la protection de ses intérêts stratégiques au niveau international, tout en contribuant à la prévention des conflits, au maintien ou au rétablissement de la paix, au respect du droit international et des valeurs démocratiques dans le monde. Pour l’essentiel, ces intérêts stratégiques résident dans le maintien de la paix sur le continent européen et les zones qui le bordent (Méditerranée, Moyen-Orient), et dans les espaces essentiels à l’activité économique et à la liberté des échanges.
- Œuvrer au développement de la construction européenne et à la stabilité du continent. Le maintien du rang de la France dans le monde sera, pour une large part, lié à son aptitude à influer sur la construction européenne et sur les évolutions à venir de l’Europe. Ce choix européen s’impose pour des raisons tant stratégiques qu’économiques. En outre, si la France demeure libre de l’appréciation des conditions de sa sécurité et du choix de ses moyens, elle reconnaît dans l’Alliance atlantique le lien essentiel entre Européens et Américains, y compris pour des missions de maintien de la paix pour le compte de l’ONU ou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Ainsi, il s’agit de mettre les capacités d’une Alliance atlantique rénovée - parvenue à un meilleur partage des responsabilités entre les États-Unis et l’Europe - au service des missions de maintien de la paix ou de règlement des crises.
- Mettre en œuvre un concept de défense globale qui ne se compose pas uniquement d’un aspect militaire. En effet, la sécurité et la stabilité d’un État dépendent non seulement de ses forces armées et de sa police, mais également de son organisation sociale, de son système éducatif et de son mode de fonctionnement en matière de solidarité. Le concept de défense est, de fait, indissociable de celui de nation. Ainsi, la sécurité civile assure la protection de la population, le maintien de l’ordre public et donc la continuité de l’État. Elle englobe la prévention et la protection face aux risques naturels et technologiques majeurs, la sécurité des installations et des réseaux sensibles. Enfin, elle veille à la bonne répartition des ressources en temps de crise.

2. Une stratégie adaptée au nouveau contexte international

L’évolution du contexte stratégique tout au long de la décennie quatre-vingt-dix a démontré que la France bénéficiait désormais d’une profondeur stratégique à l’Est, se chiffrant en milliers de km, situation qu’elle n’avait jamais connue tout au long de son histoire. Cependant, contrairement à certains espoirs, crises et conflits n’ont guère cessé à travers le monde, selon des logiques, dans des cadres et avec des acteurs souvent inédits et inattendus, générant une fragmentation et une multiplicité des menaces exercées par des acteurs étatiques ou non.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont consacré l’émergence d’un terrorisme de masse, générant des conflits d’un type nouveau, sans champ de bataille et sans armée clairement identifiée, où l’adversaire, prêt à utiliser des armes de destruction massive, vise clairement les populations. La France est une société développée, ouverte et à haut niveau technologique. Elle est donc particulièrement vulnérable aux nouveaux types de menaces. Engagée, par ailleurs, dans un ensemble de solidarités politiques, de communautés d’intérêts et d’alliances, elle constitue une cible potentielle.
Face à cette double évolution du contexte international, la France a adapté sa stratégie, et l’objectif central de sa politique est la défense de la sécurité des Français et de leurs intérêts sur le territoire et à l’extérieur (1,5 million de ressortissants à l’étranger).
Conformément aux choix faits en 1996 dans le cadre de la professionnalisation et de la définition du nouveau modèle d’armée, et tout en prenant en compte les exigences de sa participation aux réseaux de solidarité européen et atlantique, la France entend :
- préserver son autonomie de décision et d’action afin de conserver la liberté de choisir de s’engager ou non dans des opérations avec ses partenaires ou alliés, ainsi que la capacité d’agir seule lorsque cela est nécessaire ;
- garder son influence dans les alliances et les coalitions, ce qui suppose qu’elle dispose de la capacité de " nation cadre " (dans une coalition, il peut s’avérer utile, dans un domaine opérationnel donné, de s’appuyer plus particulièrement sur une nation dite " nation cadre " capable de fédérer les autres membres autour de ses propres capacités nationales) pour la conduite d’une opération européenne, et de capacités militaires suffisantes ;
- maintenir les savoir-faire technologiques indispensables pour assurer dans la durée la crédibilité de la dissuasion nucléaire, développer les moyens adaptés à la protection contre les nouvelles menaces, et préserver une base industrielle, essentiellement européenne, en mesure de produire ses principaux systèmes de défense.
Les grandes fonctions stratégiques s’articulent autour des idées de dissuasion, prévention, projection - action et protection.
La dissuasion, caractérisée par un concept de non-emploi, implique de disposer de moyens diversifiés permettant d’affirmer sa crédibilité face aux évolutions des menaces. La France doit également pouvoir contribuer à la sécurité de l’Europe en tenant compte de la solidarité croissante des pays de l’Union. Elle participe activement à la mise en œuvre des instruments de stabilisation régionale (traités FCE, " Ciel ouvert " - document sur les mesures de confiance et de sécurité -, Accords de Dayton) ainsi qu’aux initiatives développées en matière de maîtrise des armements dans le cadre de l’OSCE (lutte contre la dissémination des armes légères et de petit calibre - ALPC), initiative franco-néerlandaise sur les stocks de munitions). Les moyens conventionnels jouent aujourd’hui un rôle stratégique propre et ne sont plus considérés uniquement comme un apport à la force de dissuasion nucléaire.
La prévention constitue la première étape de mise en œuvre de la stratégie de défense. Elle doit permettre, par le renseignement, de disposer d’une capacité d’anticipation et d’une capacité autonome d’appréciation de la situation. La diplomatie de défense française, à travers le développement des relations de défense et de sécurité avec ses partenaires étrangers, qu’il s’agisse de dialogue stratégique, d’échange d’informations, d’assistance ou de coopération militaire, participe également de la prévention.
La projection et l’action ont structuré la conception du modèle d’armée français. La capacité à envoyer des forces, aussi bien en Europe qu’à l’extérieur du continent européen, et l’aptitude à engager rapidement et à soutenir dans la durée des groupements de forces interarmées, pouvant imposer rapidement une supériorité sur un théâtre d’opération, en sont les clés.
La protection des personnes, des institutions et du territoire est une exigence permanente, et la défense du territoire national doit être assurée en toutes circonstances. Il s’agit d’être en mesure, à tout moment, de s’opposer à l’exercice d’un chantage, de représailles ou d’agressions contre le territoire ou les populations, ou de limiter les conséquences d’une attaque asymétrique. Enfin, résultat direct de la liberté de circulation des personnes et des biens dans l’Union européenne (UE), la protection du territoire s’inscrit de plus en plus pour la France dans le cadre d’une coopération renforcée avec ses pays voisins et alliés.

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