Wednesday, November 07, 2007

Un gène modulerait le QI des enfants bénéficiant de l'allaitement maternel


Les bienfaits de l'allaitement maternel exclusif sont reconnus aussi bien au plan nutritionnel qu'au plan affectif. Il permet le développement harmonieux et l'épanouissement de l'enfant par les hormones de l'attachement qu'il mobilise et le comportement de maternage qu'il implique.
Le lait maternel contient des facteurs anti-infectieux, il a une action préventive des phénomènes atopiques, il réduirait le risque d'obésité et de diabète.

L'allaitement maternel est le moyen le plus naturel et le plus adapté pour nourrir un enfant. La supériorité du lait maternel par rapport au lait de vache et les substituts industriels est admise de tous et résumé dans le slogan anglo-saxon "breast is best".

Si l'allaitement maternel est bénéfique pour tous les nouveau-nés, il est vital pour ceux des pays en développement ; et tous les efforts doivent être engagés pour préserver.
L'allaitement maternel pourrait, dans certains cas, être de nature à augmenter le quotient intellectuel (QI) de près de 7 points, dans un éventail compris entre 95 et 105. Telle est la conclusion d'une étude publiée lundi 5 novembre dans la revue PNAS.

Selon ce travail, dirigé par Terrie Moffitt, professeur de psychologie et de sciences du cerveau à l'université américaine de Duke (Durham), ce phénomène ne concernerait que les enfants nourris au sein et porteurs d'une version particulière d'un gène. Celui-ci, dénommé FADS2, est impliqué dans le métabolisme des acides gras contenus dans le lait.


Cette recherche a été menée auprès de 3 269 enfants blancs, nés pour une partie d'entre eux en 1999 et 2000 en Grande-Bretagne et pour l'autre partie en 1972 et 1973 en Nouvelle-Zélande. Les différences observées sont indépendantes du milieu socio-économique dans lequel grandit l'enfant, du QI de la mère et de son âge ou encore du poids du bébé à la naissance.

Après un siècle de controverses récurrentes sur les rôles respectifs de la nature et de la culture dans le développement cognitif des individus, les auteurs de ce travail estiment que leurs résultats permettent, pour la première fois, de démontrer que le quotient intellectuel est bien la résultante d'éléments innés et d'autres acquis.

"SURINTERPRÉTATION"

"Cette publication est beaucoup plus problématique que la présentation qu'en font ses auteurs et les PNAS, estime le professeur Jean-Claude Ameisen, président du comité d'éthique de l'Inserm. Il faut rappeler que le QI n'est que le résultat d'un test d'aptitude adapté à l'âge de l'enfant. Or dans la discussion qu'ils font de leur travail, les auteurs ne parlent plus de QI mais d'"intelligence", ce qui n'est pas du tout la même chose..."

Pour le professeur Ameisen, une série de critiques méthodologiques peuvent être faites concernant la manière dont les auteurs établissent des moyennes de QI en fonction des différences d'âge des enfants. "De nombreuses études indiquent que les différences de QI entre enfants peuvent s'inverser à partir de l'âge de 12 ans et rien, dans cette étude, n'est entrepris ou discuté concernant une différence possible entre le contexte affectif d'un allaitement au sein ou au biberon avec du lait tiré du sein", ajoute-t-il. Selon lui, les auteurs "surinterprètent grossièrement" la signification des différences rapportées quand ils mesurent les effets de l'allaitement et de certaines séquences génétiques et quand ils hiérarchisent l'"intelligence" de ces enfants. "Aucune conclusion ne peut, valablement, en être tirée quant à l'effet de l'allaitement ou au devenir des enfants", estime M. Ameisen.

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