Wednesday, November 07, 2007


Suite à une maladie d’estomac, Andriamampianina Olivier Georges alias Toty, malgré l’intervention chirurgicalefaite mardi soir, a rendu l’âme laissant un grand vide dans le monde artistique malgache.

Alors qu’une soirée de solidarité a été programmée par ses « proches » afin de venir en aide à la famille pour alléger les charges nécessaires au soin de Toty, le « grand, le maestro, le magicien… » et tous les qualificatifs qu’il faut pour confirmer la valeur de cet homme sur le plan artistique à Madagascar, nous a quitté pour un monde meilleur. Tout a commencé dans le début des années 80 alors que Toty faisait partie d’un orchestre à l’Université, dénommé « Ny Oro ». Bon nombre de musiciens actuellement de renommée faisaient partie de cette formation. Puis, vint le temps de « Speedy », cet établissement appartenant au frère Randriamifidimanana, Dida et Ntsoa et qui a promu pas mal d’artistes et seront devenus tous des « grands » plus tard.

En ce temps, il a eu l’occasion de rencontrer des « amis » qui vont former le groupe Tritra. Entre autres, Naivo, feu Ndrina, Elysée et Lalah Rakotorahalahy, ….etc. Une formation qui sera un mythe dans l’annale du jazz-fusion à Madagascar car Toty et ses amis ont conjugué au temps « malagasy » le jazz, selon leur manière et selon leur « feeling ». Le groupe va faire parler de lui dans tout l’océan indien, ce qui serait une opportunité pour les uns, mais pas pour Toty qui a choisi de rester au pays et de continuer ses propres recherches en matière de musique.

Mariage avec la musique et avec son pays

« Quand j’ai eu l’occasion de côtoyer les regrettés Ndrina et Toty, à plusieurs reprises, ils ont martelé qu’il vaut mieux se marier avec la musique qu’avec une femme » se souvient Dida Randriamifidimanana.

Mais l’amour, Toty a sa manière de l’interpréter, comme ce qui est écrit dans le texte de « Ny nandaozanao ahy » de Lalatiana, une de ses compositions. C’est surtout pour la musique et son pays que Toty a investi tout son amour. Car, son pays passe avant tout pour ce musicien- arrangeur perfectionniste jusqu’au bout de ses doigts. Ces dix dernières années, il s’est concentré plutôt à la recherche de la musique de sa racine, c’est-à-dire « le charme malgache ». C’est pourquoi, il s’est mis à travailler avec des jeunes loups aux dents longs comme Rajery qui a tourné avec lui dans plusieurs pays du monde, le guitariste venant du Sud ou encore Mika tout récemment, avec qui il a partagé la scène durant une tournée en Suisse, il y a quelques jours.

Durant des années, il a fait le bonheur de presque tous les grands de la place, que ce soit côté arrangement que pour accompagner sur scène. Pour ne citer que Mily Clément, à qui doit son album « Tsy moramora mitady vola » à Toty ou encore Arison Vonjy dans « Feno loatra », Olombelo Ricky avec « Kalangita » à ses débuts, Rija Ramanantoanina dans « Jamba », son premier opus et tant d’autres, Bodo dans « Solitaire ».

Le « malheureux bassiste »

Toty a été sur le point de sortir son album, l’ultime. Car, durant toute sa carrière, cet excellent bassiste n’a jamais eu le temps de s’occuper de son opus alors qu’il avait l’occasion de le faire pendant qu’il était directeur artistique chez DoSol ou encore tout récemment chez Studio Feo. Preuve que Toty ne s’est pas seulement contenté de matos ou de composition mais il a voulu chercher loin au fond de son esprit et dans son environnement sa musique, celle qui aurait dû être son image. Sur la trace de Jaco Pastorious ou encore de Sylvain Marc, Toty aurait eu la chance de devenir comme ces « aînés ». Malgré l’inexistence d’infrastructure adéquate en ce temps, le bassiste jouant du six cordes s’est contenté de rester tranquille dans son coin et de faire sa « musique ».

Suite à la dissolution du groupe Tritra, il y eut son expérience avec le groupe Oay, puis Toty Quintet, mais entre temps, il a côtoyé pas mal de musiciens comme la formation Toty-Sesely- Fanaiky et bien d’autres dans ce genre. C’est surtout avec Silo, Panà, Seta, Bim qu’il a pris plaisir de jouer. Des gars avec qui il a partagé la scène à plusieurs reprises tout au long de sa carrière.

Mais aujourd’hui, tout cela va rester dans l’histoire de la musique malgache qui sera difficile à effacer. Toty est parti mais ses œuvres resteront.

Dans une situation pareille, on arrive toujours à dire que le métier d’artiste à Madagascar reste encore aléatoire et n’a jamais évolué. Car entre la valeur morale et la valeur matérielle, il y a trop de différence même si Toty sera élevé au grade de Chevalier de l’ordre National ! Quand est-ce que la balance sera plus équitable ?

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