“Il apparaît comme essentiel de proposer une évaluation critique des conditions de la loi par rapport aux caractéristiques du problème de l'avortement», peut-on lire dans la conclusion du rapport provisoire de l'étude sur l'interruption volontaire de grossesse (Ivg) à Madagascar.
Le sujet a été abordé lors d'un atelier organisé par le ministère de la Justice, celui de la Santé et du planning familial et le Pnud, qui s'est tenu à Isoraka, hier. Les responsables respectifs des institutions organisatrices envisagent de présenter un projet de loi auprès du Parlement.
«L'avortement et sa dépénalisation sont des sujets très sensibles. Il faut être prudent en l'abordant», déclare Dr Dominique Rakotomanga, qui travaille conjointement avec le Pnud, pour l'étude des cas de Ivg. «Il faut demander l'avis de quelques entités directement concernées, dont l'Eglise», poursuit-elle.
Dilemme
A entendre les participants, le projet de loi a la chance d'être finalisé. «Aucun des représentants des entités présentes ne s'est opposé au projet de dépénalisation. Seuls son utilité et ses impacts divisent les participants», signale Dr Dominique Rakotomanga.
«L'Eglise reste ferme sur la pratique de l'Ivg, mais prend en compte les raisons qui poussent les femmes à se faire avorter», fait-elle remarquer.
Le ministère de la santé et du planning familial fait face à un dilemme. En effet, 75 000 femmes malgaches de tout âge, issues de toutes les régions et de toutes les classes sociales décèdent chaque année des suites d'un avortement. Dans nombre de cas, l'Ivg s'opère clandestinement. La pratique, pourtant sévèrement sanctionnée par la loi, reste encore très répandue dans toute l'île.
Le recours au service d'une matrone, d'un paramédical ou d'un infirmier est le plus courant à Madagascar, comme dans les autres pays en développement. Jusqu'à présent, la majorité des femmes malgaches qui procèdent à l'avortement ne font pas appel aux spécialistes tels que les chirurgiens, pour plusieurs raisons. Outre le souci de sauvegarder la confidentialité, l'insuffisance de moyens, les pratiques traditionnelles les poussent souvent à chercher un autre terrain pour résoudre à la va-vite leur problème.
Loi sévère
Cinq à dix ans de prison assortis d'une amende variant de 3 600 000 à 21 600 000 ariary pour les auteurs d'interruption volontaire de grossesse (Ivg). Beaucoup de personnes trouvent encore le moyen d'en effectuer, souvent par nécessité. Ils n'ont que cet acte comme issue pour se débarrasser d'une grossesse non désirée ou pour limiter le nombre de bouches à nourrir. Selon les enquêteurs, les médecins et les autres praticiens sont les premiers à être visés par les dispositions légales.
Cependant, très peu d'entre eux sont jusqu'ici punis. Ils bénéficient toujours de la clémence de la famille des victimes, voire même du juge. Malgré la volonté de libéraliser la pratique, des balises sont prévues pour éviter les abus. Seuls les services de personnes habilitées à y procéder sont tolérés dans cette optique. Comme dans beaucoup de pays, l'Ivg concerne surtout les femmes âgées de 15 à 39 ans.
Il est temps de s'adapter à la réalité.
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