Fin de mission pour les FAZSOI, de retour à
La Réunion après avoir affrété 60 tonnes de matériel pour
la Croix-Rouge qui intervient à Madagascar depuis une semaine auprès des sinistrés du cyclone Indlala. Dans le nord-est, plus de 100 000 personnes ont été affectées par les vents violents et les inondations. Et il est craint désormais que la famine et les épidémies s’ajoutent aux dégâts matériels.
Depuis maintenant une semaine, La Réunion joue à fond la carte de la solidarité régionale. Dans le nord-est de Madagascar, frappé de plein fouet par le cyclone tropical intense Indlala, les équipes se succèdent pour apporter matériel et soutien logistique aux autorités et associations locales, débordées par l’ampleur des dégâts matériels et humains. Selon un bilan toujours très provisoire dressé par les organisations non gouvernementales CARE et Programme alimentaire mondial (PAM), plus de cent mille personnes sont affectées par le passage du météore, principalement dans les districts d’Antalaha et Maroantsetra, où s’est concentrée l’action humanitaire française.
MISSION H UMANITAIRE D’AMPLEUR
Après le porte-hélicoptère Jeanne-d’Arc, qui a assuré en début de semaine dernière le transport de 4O tonnes de fret humanitaire pour le compte de la Croix-Rouge et sa plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien (PIROI), c’était au tour des transalls de l’armée de l’air d’intervenir au cours des derniers jours pour le transport de l’aide humanitaire stockée à la Réunion et assurer des rotations entre les dépôts de vivres et de matériels existant à Antananarivo et les zones les plus touchées par la catastrophe, désormais complètement enclavées. “Une opération plus importante que prévue”, comme le reconnaît le commandant des forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI), le général Clément-Bollé, qui a mobilisé près de 1 200 hommes pour cette mission humanitaire “d’ampleur”, mais pas forcément exceptionnelle, à l’image des dernières interventions de l’armée française suite aux dernières catastrophes naturelles qui ont frappé plusieurs pays de la région. Également rodée à ce type de mission, la Croix-Rouge française basée à la Réunion a mobilisé, outre une cinquantaine de tonnes de matériel d’urgence, une équipe d’une dizaine de volontaires et de permanents, essentiellement des logisticiens et des spécialistes de la question de l’eau. “Nous travaillons en étroite collaboration avec la Croix-Rouge locale et les autres ONG sur place. CARE et le PAM s’occupent de l’acheminement et la distribution des denrées alimentaires, Médecins du Monde suit l’évolution sanitaire, et nous la problématique de l’eau”, résume Grégoire, responsable de la mission sur le district de Maroantsetra.
LE SPECTRE DE LA FAMINE
Au contraire d’Antahala, où les vents violents ont détruit 50 % de l’habitat traditionnel, faisant plusieurs milliers de sans-abri, Maroantsetra, située sur le delta du fleuve d’Antenambalana, a, elle, particulièrement souffert des inondations consécutives à la crue spectaculaire de celui-ci. Allant jusqu’à doubler de volume à part endroit, le fleuve a complètement submergé plusieurs villages pendant près d’une semaine et coupé le district du reste du pays. Noyés, la majorité des puits sont devenus insalubres et l’eau impropre à la consommation, faisant craindre la montée d’épidémies type gastro-entérites ou diarrhées. En outre, l’humidité accumulée dans le secteur est propice à une recrudescence du paludisme et de maladies dermatologiques. Deuxième crainte consécutive aux fortes pluies, et qui concerne aussi le district d’Antahala, le retour de la famine. Les récoltes de riz, base de l’alimentation malgache, sont grandement compromises après la submersion de nombreuses rizières. On estime perdue la quasi-totalité de la récolte attendue pour juin, tandis que les stocks accumulés ont été détruits ou abîmés à 60 % dans certains villages. Etat jugé grave également pour l’agriculture vivrière ou l’élevage, ainsi que les ressources principales de la région (vanille, café, girofle...) qui ont subi de nombreuses pertes. Les centaines de tonnes de riz déjà livrées par le PAM ou le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes, de même que les quelques stocks épargnés permettent pour l’instant de nourrir tout le monde. Mais dans les prochaines semaines, voire les prochains mois, la situation alimentaire de la région pourrait devenir dramatique.
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