Un téléphone portable qui rend ironiquement l’âme après quelques jours d’utilisation, alors que la facture d’achat attestant qu’il s’agit d’un poste neuf, traîne encore sur la table, est devenu monnaie courante.
Détrompons-nous, l’éclat du teint irréprochable de ces appareils dissimule bien leur véritable santé. Ce sont des postes recyclés ou même ramenés à la vie, non pas par simple réparation, mais pire, par assemblage de pièces détachées ajustées au pif, souvent sans respect de la correspondance.
Ces cadavres de téléphones, ou plutôt ces fatras de pièces téléphoniques, d’après les proches de ces revendeurs insidieux, ont été achetés au kilo dans on ne sait quel dépotoir sud-est asiatique, et engouffrés dans des cartons à l’aspect de foutoir afin d’éviter la taxe de la douane. En tout cas, ces «ramasseurs de déchets» ne rendent-ils pas un fier service aux vendeurs en les leur débarrassant gratuitement ?
A Madagascar, les déchets en question, après avoir traversé huit ou neuf milliers de kilomètres changent complètement de look pour devenir des objets de prestige qui font la fierté des acheteurs, les simples gens qui les collent avec des gestes esthétiques à l’oreille, sans savoir que leur idylle avec cet objet sera éphémère.
Pour les clients les moins complaisants, la réclamation s’avère de rigueur. Mais les marchands, prétextant qu’il ne s’agit que d’une imperfection en cas isolé, échangeront votre mauvais poste contre un autre qui est loin de valoir mieux. Et ainsi de suite. Misant sur l’usure morale du client, le marchand accepte sans faire preuve du moindre emportement, de changer votre poste contre un autre aussi faux que sa moralité même, jusqu’à ce que le délai de garantie expire.
Un cas concret. Au temps où les Nokia 3110 ont commencé à perdre leur cote et que les bourses modestes ont louché sur ce portable, une boutique, profitant du béguin nostalgique des gens et de leur précipitation pour l’acquérir, en a proposé à un prix soi-disant abordable. Surprise ! Après la première recharge de la batterie, le téléphone ne faisait déjà pas preuve de santé. Revenue au magasin, la cliente, partagée entre la rancœur lui dictant de rendre définitivement le poste et le désir de le remplacer par un autre «peut-être» mieux portant, finit par accepter la seconde solution subtilement proposée au moyen d’une voix bien étudiée pour être la plus câline possible et faussement contrite de la vendeuse.
A toute cette arnaque, deux solutions aussi incommodantes l’une que l’autre sont possibles. Soit que vous achetez votre téléphone portable en Asie ou en Europe, soit que vous serrez la ceinture pour acheter un poste onéreux qui vous offre plus de chance d’avoir un en bonne santé. Pour ceux qui ne peuvent se permettre ces deux alternatives - la majorité bien entendu - ils n’ont qu’à jouer à la roulette russe avec ces «marchands arnaqueurs».
Après tout, à quoi bon réagir ? Madagascar, inondé de friperies et de voitures d’occasion ne jouit-il pas déjà, et cela depuis belle lurette, de l’étiquette de dépotoir des pays avancés ? Et la culture du médiocre ne s’est-elle pas déjà enracinée dans le quotidien d’une population victime du manque de scrupule des plus malins ?
Wednesday, February 21, 2007
Ces portables qui inondent les marchés de Tana et des provinces …
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