Toliara
La baie et le Grand Récif de Toliara
pollués par des bactéries d’origine fécale
Des études ont été effectuées dans la baie de Toliara ainsi que dans la région de Fort-Dauphin pour y évaluer la qualité de l'eau dans le cadre d’un projet de collaboration entre les universités de Toliara et de Stavanger, «Dialogue Nord Sud«. Trois ans d’études ont confirmé les soupçons des scientifiques en particulier, quant à la pollution de ces eaux, due à la défécation dans les baies et à la présence d’épaves de navires dans la baie de Fort Dauphin.
La baie et le Grand récif de Toliara contaminés par des bactéries d’origine fécale. A Toliara comme dans pratiquement toutes les villes côtières, les riverains utilisent la plage comme toilette publique depuis des générations. Les analyses effectuées deux fois par mois pendant 3 ans par une équipe de l’IHSM dirigée par Dr Christian Ralijaona sur la plage, le lagon et le Grand récif de Toliara ont ainsi permis de connaître l’étendue des conséquences de ces défécations. La présence de matières fécales associée à la destruction de l’écosystème récifal introduit des microorganismes potentiellement pathogènes (bactéries) et induit le développement de microalgues toxiques dans le milieu, ce qui provoque entre autres des Icam (Intoxication par Consommation des Animaux Marins) puisque ceux-ci se trouvent au début de la chaîne alimentaire.
Il ressort entre autres de cette étude que sur les 110 espèces de dinoflagellés reconnus responsables du phénomène d’eau rouge dans le milieu océanique, 37 espèces ont été recensées dans la baie de Toliara. Et sur les 51 espèces potentiellement toxiques, 21 y sont présentes. Concernant les germes d’origine fécale (coliformes, streptocoques et vibrion), on note leur présence tout au long de l’année dans les eaux et sédiments marins.
Protéger les coraux
Ces dinoflagellés toxiques ont pour terrain de prédilection les coraux morts ; argument supplémentaire pour protéger le récif afin de réduire la surface de prolifération de ces dinoflagellés. Rappelons qu’autour des récifs se développe tout un écosystème qui disparaîtra si les coraux meurent.
La protection du Grand récif de Toliara peut prendre plusieurs formes. Il faudrait ainsi réaménager la pêche sur les récifs, car les pratiques actuelles (piétinements du platier, retournement des blocs, prélèvements de massifs) détruisent irrémédiablement cet écosystème fragile. Il faut par ailleurs procéder à l’assainissement de la ville (incluant la plage) par une responsabilisation plus active des autorités (la voirie de la ville de Toliara), les différents services administratifs et les riverains afin qu’une prise de conscience naisse face aux dangers liés à la gestion des déchets d’une manière générale et au péril fécal en particulier et enfin sensibiliser la population aux conséquences de la déforestation en amont qui entraîne l’ensablement du lagon qui asphyxie les coraux.
Tous ces efforts sont à réaliser le plus rapidement possible dans nos agglomérations côtières, car la permanence de ces microalgues particulièrement dans la baie de Toliara est la preuve que la capacité d’autorégulation et d’autoépuration de l’écosystème du récif est dépassée.
Ce genre d’études nous permet de mettre le doigt sur un problème de Santé publique, qui risque de prendre de l’ampleur avec le développement anarchique des villes côtières qui se fait sans tenir compte de cet aspect hygiénique de l`occupation spatiale.
Il revient aux autorités de mettre en place les infrastructures afin d’améliorer la situation sanitaire de la ville en considérant toujours l'aspect environnemental. Mais il revient aussi à la population urbaine d’adopter de nouveaux comportements pour veiller à la qualité de son environnement et donc de sa Santé.
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