Monday, November 03, 2008
OBAMA QUI ES TU ?
Son père, Barack Obama Sr. (1936-1982) est Kenyan ; fils d'un guérisseur de l'ethnie Luo, il est éduqué dans la religion musulmane mais est néanmoins athée. Jeune cuisinier des colons d'Alego au bord du lac Victoria, il entre à l'école des missionnaires qui lui paieront ses études à Nairobi avant de l'envoyer poursuivre un cursus d'économétrie à l'université d'Hawaii où il fonde l'association des étudiants étrangers et obtient les meilleures notes de sa promotion.
Sa mère, Stanley Ann Dunham (1942-1995), est née sur une base militaire du Kansas dans une famille américaine et chrétienne, mais est elle-même agnostique. Elle est l'enfant de Stanley et Madelyn Dunham.
Après avoir combattu en Europe dans l'armée de George Patton pendant la Seconde Guerre mondiale, Stanley Dunham devient vendeur représentant en meubles. Madelyn Dunham a travaillé dans les usines aéronautiques de Wichita en 1941 pendant la guerre puis est devenue employée de banque. La famille Dunham déménage sans cesse, à la recherche de travail. Ils habitent successivement la Californie, le Kansas, le Texas, l'État de Washington avant de partir pour Hawaii en 1969. Stanley Ann y suit des études d'anthropologie à l'université d'Hawaii quand elle rencontre Barack Sr.
Par sa grand-mère maternelle, Barack Obama a du sang cherokee.
Selon les affirmations de Lynne Cheney à la télévision le 17 octobre 2007, Barack Obama aurait aussi une ancêtre commune avec le vice-président Dick Cheney : une Française, à la 8e génération. Il compte d'autres ancêtres français, originaires d'Alsace, Christian Gutknecht né en 1722 et Maria Magdalena Grünholtz, tous deux nés à Bischwiller. Il a également des ascendances anglaises, néerlandaises, allemandes et irlandaises. Un de ses arrière-grands-pères a émigré du comté d'Offaly en Irlande, au XIXe siècle.
Les parents de Barack Obama se marient en 1960. En août 1963, son père vient d'être accepté à l'Université Harvard et il part seul pour le Massachusetts car il est incapable de subvenir aux besoins de sa femme et de son fils. Le divorce sera prononcé en janvier 1964. Diplômé en économie en 1965, le père de Barack Obama repart ensuite au Kenya où il fonde une nouvelle famille. D'abord homme en vue dans le gouvernement kenyan de Jomo Kenyatta, il finit par s'opposer aux projets du président. Limogé, boycotté, il sombre dans la misère et l'alcoolisme avant de se tuer dans un accident de voiture en 1982. Son fils ne le revoit qu'une seule fois.
Stanley Ann Obama se remarie ensuite avec Lolo Soetoro, un étudiant originaire d'Indonésie, et la famille emménage à Jakarta où naît Maya, la demi-sœur de Barack Obama de neuf ans sa cadette. Barack vit 4 ans, de 1967 à 1971, en Indonésie. Lors de la campagne électorale pour l'investiture de 2008, l'éditorialiste néo-conservateur Daniel Pipes affirme qu'Obama aurait été un musulman pratiquant durant sa jeunesse en Indonésie. Barack Obama raconte quant à lui avoir été scolarisé deux ans dans une école publique puis deux ans dans un cours catholique. Dans le dossier d'inscription à l'école publique, il aurait choisi parmi les 5 religions proposées, celle de son beau-père musulman. À l'âge de 10 ans, il retourne à sa demande à Honolulu pour vivre chez ses grands-parents maternels, un couple modeste. Titulaire d'une bourse, il est scolarisé à l'école Punahou, une prestigieuse école privée d'Hawaii. En 1974, sa mère, séparée de Lolo Soetoro, le rejoint avec Maya et suit un troisième cycle d'anthropologie. Maya définit l'éducation que sa mère donne à ses deux enfants d'« idéaliste et exigeante ». Trois ans plus tard, elle retourne en Indonésie dans le cadre de ses recherches universitaires mais Barack Obama refuse de la suivre. Plus tard elle travaille pour la fondation Ford et le développement du micro-crédit. Elle meurt en 1995 d'un cancer des ovaires.
Barack Obama raconte son enfance dans son autobiographie Les rêves de mon père.
Après le lycée, Barack Obama étudie deux ans au Collège occidental de Californie puis il entre à l'Université Columbia de New York. Il en sort diplômé en science politique et en relations internationales.
Il commence une carrière professionnelle à Chicago comme analyste d'affaires d'une grande compagnie financière. En 1984, il choisit de travailler comme animateur social dans le quartier noir défavorisé de Bronzeville. Il devient adjoint de Jerry Kellman un travailleur social chrétien, membre d'un réseau d'églises progressistes. Jusqu'en 1987, Barack Obama, surnommé « Baby Face » par les pasteurs locaux, arpente South Side pour aider les résidents à s'organiser dans la défense de leurs intérêts, pour obtenir le désamiantage des logements sociaux, l'ouverture de bureaux d'embauche ou pour lutter contre la délinquance des jeunes. C'est durant cette période que Barack Obama, élevé sans religion, se rapproche de l'Église unie du Christ, dirigée dans le quartier par le pasteur Jeremiah Wright et se convertit au christianisme.
Obama quitte Chicago en 1987 pour trois ans afin d'étudier le droit à la faculté de droit de Harvard (Harvard Law School) à Cambridge près de Boston dont il sera diplômé magna cum laude. En 1990, il y devient le premier métis (noir et blanc) rédacteur en chef de la prestigieuse Harvard Law Review, élu face à 18 autres candidats.
À la fin de ses études, au lieu de devenir adjoint au juge Abner Mikva, Barack Obama revient à Chicago pour devenir enseignant en droit constitutionnel à l'Université de Chicago et entre dans un cabinet juridique spécialisé dans la défense des droits civiques.
En 1992, il épouse Michelle Robinson, juriste originaire de Chicago rencontrée en 1989 dans le cabinet d'avocats où il travaille et où elle est avocate associée. Le couple Obama aura deux filles, Malia Ann (née en 1998) et Natasha (née en 2001). Michelle Robinson-Obama est alors une avocate renommée, figure influente du Parti démocrate local et proche du maire de Chicago, Richard M. Daley. C'est elle qui va propulser la carrière politique de son époux alors qu'il n'a, jusque là, milité activement que pour soutenir la candidature de Bill Clinton à la présidence des États-Unis et celle de Carol Moseley-Braun au Sénat.
Carrière politique locale (1994-2004)
En 1996, Barack Obama est élu au Sénat de l'État de l'Illinois dans la 13e circonscription, couvrant les quartiers sud de South Side à Chicago, comprenant le quartier de Hyde Park. Il préside la commission de santé publique quand les démocrates reprennent la majorité au Sénat local.
Il soutient les législations en faveur de l'extension de la couverture médicale aux plus démunis, se fait le défenseur de la cause des homosexuels et fait augmenter les fonds destinés à la lutte contre le SIDA. Son mandat est marqué par sa capacité à obtenir, par le biais de compromis, l'assentiment des républicains sur des lois comme celles contre le profilage racial, la surveillance vidéo des interrogatoires de police ou un moratoire sur l'application de la peine de mort dans l'Illinois.
En 2000, il tente de se faire désigner aux primaires démocrates pour être candidat à la Chambre des représentants des États-Unis mais il est balayé avec 30 % des voix contre 61 % à Bobby Rush, le titulaire démocrate sortant et ancienne figure historique du Black Panther Party.
Barack Obama se fera aussi remarquer à l'échelle nationale en 2002 lorsqu'il refuse de cautionner les explications des néo-conservateurs au sujet d'une invasion nécessaire de l'Irak. Ce refus lui servira de référence tout au long de sa campagne pour l'investiture de l'élection présidentielle américaine de 2008 pour contrer ses adversaires[réf. nécessaire].
Carrière nationale (2004-2008)
En juillet 2004, il prononce un discours de la Convention démocrate de Boston désignant John Kerry comme candidat du parti à l'élection présidentielle. Il y fait l'apologie du rêve américain, de l'Amérique généreuse en les reliant à ses origines familiales. Il en appelle à l'unité de tous les Américains et dénonce les « errements » et l'« extrémisme » diviseur de l'administration de George W. Bush. Ce discours « The Audacity of Hope » repris dans la presse écrite et à la télévision fait connaître Barack Obama aux militants démocrates mais également à de nombreux Américains.
Le 2 novembre 2004, après avoir balayé quelques mois plus tôt ses adversaires démocrates lors des primaires, Barack Obama est élu au Sénat des États-Unis avec 70 % des voix contre 27 % à son adversaire républicain, l'ancien ambassadeur et chroniqueur politique conservateur afro-américain Alan Keyes. Le score ne fut pas une surprise car pendant plusieurs mois, Barack Obama avait fait une grande partie de sa campagne électorale sans aucun opposant désigné contre lui à la suite du retrait en dernière minute de Jack Ryan, le candidat républicain qui avait lui-même succédé à Blair Hull, le vainqueur des primaires, tous deux étant englués dans des affaires scabreuses avec leurs épouses respectives. Ce n'est que deux mois avant l'élection, que Alan Keyes fut désigné comme candidat républicain en dépit du fait qu'il résidait au Maryland, n'avait aucun lien avec l'Illinois et qu'en 2000, il avait dénoncé le parachutage d'Hillary Clinton à New York.
Barack Obama succède alors au sénateur républicain sortant Peter Fitzgerald, qui n'avait pas reçu le soutien de son parti pour se représenter suite à des prises de position trop personnelles [réf. nécessaire].
En décembre 2004, Barack Obama passe un contrat de 1,9 million de dollars avec une grande maison d'édition pour écrire trois livres dont l'un concernera ses convictions politiques et le second, co-écrit avec son épouse, serait destiné aux enfants.
Barack Obama a prêté serment comme sénateur le 5 janvier 2005 devenant le seul afro-américain à siéger au Sénat, et le cinquième de l'histoire[22].
Campagne pour l'élection présidentielle de 2008
Le 16 janvier 2007, il annonce la création d'un comité exploratoire en vue de lever des fonds pour une candidature à l'élection présidentielle de 2008 ; le 10 février 2007, il déclare sa candidature à l'investiture démocrate et ce, malgré son inexpérience relative et la concurrence dans le camp démocrate d'Hillary Clinton, jusque-là favorite pour les primaires. Le 15 décembre 2007, il a reçu l'appui du prestigieux quotidien national, The Boston Globe.
Tout au long de l'année 2007, il a insisté sur le fait qu'il incarnait le changement et qu'il s'opposait à la politique partisane. Sa candidature enthousiasme une partie des électeurs indépendants et des jeunes. Il obtient le ralliement de nombreuses personnalités comme le sénateur John Kerry, les hommes d'affaires Warren Buffett et George Soros, les acteurs George Clooney, Matt Damon, Will Smith, Ben Affleck, Robert De Niro les actrices Halle Berry, Sophia Bush et Scarlett Johansson, la chanteuse Nicole Scherzinger, le rappeur Nas, la romancière Toni Morrison ou l'animatrice de télévision Oprah Winfrey, personnalité extrêmement influente dans son pays, notamment au sein de la communauté afro-américaine. Le 21 avril 2008, il obtient également le soutien du cinéaste Michael Moore.
Le 3 janvier 2008, Barack Obama a remporté les élections primaires dans l'État de l'Iowa (les caucus) avec 38 % des suffrages exprimés, loin devant le sénateur John Edwards (30 %) et l'ancienne First Lady Hillary Clinton qui a obtenu 29 %. Il réussit alors à imposer à la campagne des primaires, aussi bien démocrates que républicaines, le thème du « changement » (« Change »). Le 8 janvier, il perd dans le New Hampshire (37 %) contre Hillary Clinton (39 %) malgré des sondages l'annonçant grand favori avec 10 points d'avance[28]. Son discours de défaite est teinté d'espoir et de remotivation. De cette défaite Barack Obama tire son nouveau slogan : « Yes we can » (« Oui, nous pouvons »).
Après une polémique avec Hillary Clinton sur les droits civiques et les rôles respectifs de Martin Luther King et du président Lyndon Baines Johnson, il arrive de nouveau deuxième en nombre de voix, derrière Hillary Clinton, lors du caucus du Nevada du 19 janvier (51 % contre 45 %). Néanmoins Barack Obama obtient une majorité de 13 délégués contre 12 pour Hillary Clinton, raison pour laquelle il refuse de concéder sa défaite. Il évoque également des irrégularités dans le vote qu'il impute au camp Clinton, accusant Bill Clinton et sa femme, de déformer les faits à son encontre.
Le 27 janvier, sa très large victoire (55 % contre 27 % pour Hillary Clinton) lors des primaires de Caroline du Sud relance sa candidature dans la perspective du Super Tuesday du 5 février.
Le 28 janvier, il obtient le soutien de Caroline Kennedy, ainsi que d'Edward Moore Kennedy et Patrick Kennedy.
Lors du Super Tuesday, le 5 février, Barack Obama remporte 13 États, face à 9 pour Hillary Clinton.
Le 2 février, Will.i.am enregistre Yes We Can, une chanson inspirée d'un discours prononcé par Obama, suite à la primaire du New Hampshire de 2008. Mixée avec des images et des extraits du discours, la chanson est interprétée par de nombreuses célébrités (la plupart des musiciens, chanteurs et comédiens états-uniens) à l'appui du sénateur Obama. La chanson a été produite par Will.i.am, le clip a été réalisé par Jesse Dylan, le fils du chanteur Bob Dylan[33].
Le 9 février, il remporte les États de Washington, du Nebraska et de Louisiane ainsi que les îles Vierges. Le lendemain 10 février, il remporte l'État du Maine. Le 12 février, en remportant les trois élections primaires démocrates en Virginie, au Maryland et dans la capitale fédérale Washington, Barack Obama prend un avantage dans la course aux 2 025 délégués nécessaires pour décrocher l'investiture démocrate. Avec 1231 délégués, il devance dorénavant Hillary Clinton (1196 délégués), s'adjugeant au passage la confiance non seulement d'une bonne partie de l'électorat afro-américain mais aussi celui des personnes âgées (53 % contre 47 % à Hillary Clinton) et des femmes (58 %) ; les Blancs demeurent plutôt favorables à Hillary Clinton (48 % contre 51 %)
Le 19 février, il gagne les primaires dans le Wisconsin et à Hawaï, signant là dix victoires consécutives sur Hillary Clinton.
Le 22 février, avec plus de 65 % des voix, le sénateur de l'Illinois, Barack Obama a largement remporté la primaire des démocrates expatriés. En France, il dépasse la barre des 70 %.
Le 4 mars, il gagne dans l'État du Vermont mais perd dans l'Ohio et le Rhode Island. Au Texas, il obtient plus de représentants à la convention que Hillary Clinton (99 contre 94). Il conserve une avance de plus de 100 délégués.
Il remporte les primaires du Wyoming le 8 mars, puis celles du Mississippi 3 jours plus tard.
Le 22 avril, Hillary Clinton remporte la primaire de Pennsylvanie. À ce moment, la campagne de Clinton, qui ne pouvait se permettre d'accroître davantage son retard, bénéficie d'un second souffle aux dépens de celle de Barack Obama. Ce dernier a été fragilisé dans l'opinion par son attitude ambiguë à l'égard des dérapages verbaux de son ancien pasteur, le communautariste Jeremiah Wright, ainsi que par des accusations d'élitisme.
Ainsi, le 3 mai, il remporte avec seulement 7 voix d'écart les caucuses de Guam, île du Pacifique, avec 50,08 % des voix contre 49,92 % pour Hillary Clinton.
Le 6 mai, il remporte l'État de Caroline du Nord avec 56 % des voix mais perd avec 22 000 voix d'écart dans l'Indiana (49 % des voix)[38].
Le 13 mai, Hillary Clinton remporte la primaire en Virginie-Occidentale avec 67 % des voix contre 26 % pour Barack Obama. La candidate bénéficie d'un vote massif des électeurs blancs et modestes, très nombreux dans cet État. Obama peut néanmoins rattraper son retard auprès de cette dernière catégorie d'électeurs et auprès des « cols bleus » (ouvriers blancs) grâce au ralliement de poids de John Edwards, annoncé dès le lendemain de la primaire de Virginie-Occidentale.
À ce stade des primaires, les cinq dernières consultations à venir seront d'une importance toute relative, aucun des deux candidats ne pouvant obtenir la majorité qualifiante des délégués ordinaires, tandis que les super-délégués, qui restent partagés entre Obama (282), Clinton (273) et l'indécision (environ 240), auront probablement le dernier mot lors de la Convention démocrate du mois d'août. Certains observateurs misent cependant sur un retrait de Clinton avant la fin du processus.
Le 20 mai, Obama et Clinton remportent l'un et l'autre une primaire. Le premier s'impose dans l'Oregon (58 % des voix), la seconde dans le Kentucky (65 % des voix).
Le 30 mai, il quitte l'Église unie du Christ suite aux polémiques engendrées par les propos du pasteur Wright et du révérend Michael Pfleger. Obama était membre de cette église depuis une vingtaine d'années.
Le 3 juin, à l'issue des dernières primaires (Montana et Dakota du Sud), il atteint le seuil requis des 2118 délégués, ainsi que le soutien de nombreux super-délégués. Malgré la revendication par Clinton de la majorité du « vote populaire » (en nombre de voix de militants) et le refus de la sénatrice de se déclarer vaincue, Obama est désormais quasiment assuré d'être désigné candidat à la Maison blanche lors de la convention démocrate de la fin du mois d'août.
Le 7 juin, Hillary Clinton « suspend » sa campagne à l'investiture démocrate et apporte son soutien à Barack Obama dans sa campagne présidentielle contre le républicain John McCain.
Obama est le premier Afro-Américain à briguer le poste de président pour le compte d'un parti majeur. Le 27 août, troisième jour de la Convention démocrate à Denver, il est officiellement investi par acclamations, ou roll call, lancées par la sénatrice Hillary Clinton.
Doctrine politique
Barack Obama est considéré comme un homme politique pragmatique, adepte du compromis pour faire avancer ses idées et ses projets et capable de rassembler diverses catégories de l'électorat, même si ses votes au Congrès l'ont classé à gauche du parti.
En matière de politique étrangère, il est présenté comme un partisan de la realpolitik et prend pour modèle James Baker, saluant la politique étrangère américaine menée sous la présidence de George H. W. Bush. S'il veut être plus ferme à l'égard du programme nucléaire de la Corée du Nord, ses principales propositions sont un retrait en 16 mois des troupes américaines de combat d'Irak, qui commencerait dès sa prise de fonction s'il était élu président des États-Unis, et le commencement d'un dialogue "sans préconditions" avec l'Iran. Concernant les relations avec Israël et avec les palestiniens, après avoir été ambivalent, il prononçait, le 4 juin 2008 à la conférence du lobby pro-israélien Aipac (American Israel Public Affairs Committee) un discours dans lequel il apportait son soutien au statut de Jérusalem, comme capitale indivisible d'Israël.
En politique intérieure, il est partisan de la peine de mort pour les crimes les plus graves dont les viols d'enfants estimant que « la communauté est fondée à exprimer la pleine mesure de son indignation » mais il propose cependant de réduire les circonstances aggravantes qui rendent ces crimes éligibles pour l'exécution de son auteur. De surcroit, il milite pour corriger les problèmes qui découlent de son application. Il se déclare également en faveur du 2e amendement sur le droit de posséder des armes à feu mais reconnait l'utilité des « lois de bons sens pour empêcher les armes de tomber dans les mains d'enfants ou de membres de gangs ». Favorable au droit à l'avortement, il se déclare partisan des contrats d'union civile entre personnes de même sexe et souhaite la généralisation de l'extension des droits et avantages matrimoniaux aux homosexuels, tant au niveau de chaque État qu'au niveau fédéral sans pour autant remettre en cause la définition du mariage civil entre un homme et une femme qu'il laisse aux différents États à définir. Il dénonce par ailleurs le nombre disproportionné d'Afro-américains dans les prisons américaines et les couloirs de la mort.
En matière économique et sociale, il propose une réforme du système de santé américain permettant la mise en place, au niveau fédéral, d'une « assurance santé universelle » sans pour autant imposer une couverture santé obligatoire à l'exception des enfants[50]. Barack Obama préconise une hausse du salaire minimum qu'il veut voir indexé sur l'inflation, des baisses d'impôts massives pour la classe moyenne (pour les personnes gagnant moins de 250 000 $ par an), le recours au crédit d'impôt pour aider les ménages les plus modestes et a promis de renégocier le traité de libre-échange nord-américain (l'ALÉNA). Dans le contexte de la crise des subprimes et du poids des crédits, il souhaite protéger les citoyens américains contre les abus des prêts de toutes sortes. Il prévoit un plan de grands travaux publics sur dix ans, financés par le retrait des troupes combattives d'Irak[49].
Pour lutter contre le réchauffement climatique, il propose d'augmenter le prix de l'électricité, d'investir dans les biocarburants, les énergies alternatives et se déclare favorable à l'instauration d'un marché du CO₂ (obligeant les entreprise polluantes à racheter un "droit à polluer" auprès d'entreprises non polluantes). Comme son adversaire républicain à l'élection présidentielle, John McCain, il est plutôt favorable également au développement de l'énergie nucléaire comme solution aux problèmes climatiques mais sa position sur le sujet est devenue ambivalente durant la campagne électorale.
En matière d'immigration, s'il est favorable au renforcement des contrôles à la frontière mexicaine, il défend une régularisation des immigrés clandestins déjà présents auxquels il envisage l'octroi du permis de conduire.
Sur le financement des campagnes électorales, Barack Obama se déclare partisan d'un système de financement public et a indiqué, avant même sa déclaration de candidature, qu'il financerait ainsi sa campagne présidentielle si son rival républicain faisait de même. Cependant, en juin 2008, il est le premier des candidats à renoncer à ce type de financement lui permettant alors de continuer à collecter sans limitation des fonds privés. Il est alors le premier candidat à se passer de ces fonds fédéraux depuis l'adoption par le Congrès des lois sur le financement des campagnes électorales, élaborées après le scandale du Watergate.
Concernant la sécurité nationale, il entend fermer le camp de détention de Guantánamo mais aussi, le cas échéant, lancer des opérations militaires contre Al-Qaida en Afghanistan mais aussi au Pakistan, sans recevoir l'aval de ce dernier. Au nom de la lutte antiterroriste, il a approuvé la loi autorisant les écoutes des citoyens après avoir renoncé aux objections qu'il avait formulé concernant l'immunité que cette disposition législative accordait aux compagnies téléphoniques.
Campagne présidentielle
En juillet 2008, Obama se rend en Afghanistan, en Irak, en Israël, en Allemagne, où il prononce devant le Siegessäule et une foule enthousiaste un discours aux accents kennediens et reaganiens, en France et en Grande-Bretagne. La presse popularise alors le néologisme d'obamania. John McCain qui, pendant ce temps, a reçu le dalaï-lama, reproche à son concurrent démocrate d'avoir préféré prononcer un discours devant « des foules d'Allemands obséquieux » aux dépens d'une visite au chevet de soldats américains soignés à Landstuhl (base américaine située près de Kaiserslautern).
Dans une lettre adressée le 24 juillet 2008, Barack Obama regrette de n'avoir pu rencontrer le dalaï-lama du fait de ses voyages, et lui réaffirme son soutien, espérant que sa lettre et la rencontre avec le sénateur John McCain démontreront que l'attention et le soutien américain au peuple tibétain transcendent les divisions politiques. Obama se félicite aussi du dialogue entre les représentants du dalaï-lama et du gouvernement de la République populaire de Chine.
Le 23 août, Obama choisit le sénateur du Delaware Joseph Biden comme colistier dans la course à la Maison Blanche. Biden est président de la commission des Affaires étrangères au Sénat et sénateur depuis 1972. Ce choix doit servir à donner l'image de l'expérience politique et plus particulièrement en politique étrangère[66] et, par conséquent, de contrer les attaques sur l'inexpérience d'Obama dans ce dernier domaine (l'argument de l'inexpérience d'Obama, repris par John McCain, avait déjà été exploité lors des primaires par Hillary Clinton et par Joe Biden lui-même).
Le choix de Biden présente cependant également des inconvénients : l'association d'Obama à une figure connue du paysage politique fédéral atténue l'idée du "changement" (Change). De plus, le sénateur du Delaware est connu pour ses gaffes, qui peuvent s'avérer dangereuses dans un duel électoral serré.
Le 28 août, jour du 45e anniversaire du discours I have a dream de Martin Luther King, il est officiellement investi par le Parti démocrate, au stade Invesco à Denver.
Deux semaines avant les élections, après être sorti renforcé des débats face à John McCain, Obama reçoit le soutien inattendu de l'ancien Secrétaire d'État républicain Colin Powell et devance largement (de 7 à 10, voire 12 points) son adversaire dans les sondages.
Les républicains tentent pourtant de freiner Obama en l'attaquant sur plusieurs points :
* en déclarant qu'il est soutenu par l'association ACORN, dont le travail d'inscription des citoyens sur les listes électorales est entaché d'erreurs grossières voire de tentatives de fraude avérées ;
* en affirmant qu'il est proche de l'ancien terroriste d'extrême-gauche Bill Ayers, membre fondateur des Weathermen ;
* en le présentant, enfin, lors de plusieurs meetings de la colistière conservatrice de McCain, Sarah Palin, comme un "socialiste".
Cette dernière accusation, injurieuse (le terme est synonyme de "communiste" aux États-Unis, pays ennemi de l'URSS pendant la Guerre froide), réagit à une phrase prononcée le 11 octobre par Obama : « Je pense que si nous répartissons (spread around) les richesses, c'est bien pour tout le monde ». Il répondait alors aux questions de Samuel J. Wurzelbacher (présenté par McCain, puis Obama et les médias comme "Joe le Plombier"), un employé d'une entreprise de plomberie qui s'inquiétait d'une hausse de ses impôts en cas de victoire du sénateur de l'Illinois.
Ces attaques s'avèrent cependant contreproductives pour le camp McCain.
Le 23 et le 24 octobre, Barack Obama suspend brièvement sa campagne, qui est la plus coûteuse de l'histoire des États-Unis (605 millions de dollars contre 150 millions de dollars pour celle de McCain), pour se rendre à Hawaï au chevet de sa grand-mère, Madelyn Dunham (née en 1922), gravement malade.
Déjà soutenu par de grands journaux comme le Washington Post, le Los Angeles Times, le New York Times ou le Financial Times, le sénateur démocrate reçoit l'appui de Scott McClellan, ancien porte-parole de George W. Bush devenu sycophante de la "culture de la désinformation" à Washington, qui annonce, le 24 octobre, qu'il votera pour Obama.
Pendant ce temps, McCain remonte dans les sondages en abordant davantage les questions économiques, passées au premier plan dans un contexte de crise financière, et en exploitant une gaffe de Joe Biden. Lors d'une rencontre avec des donateurs de Seattle, ce dernier a en effet déclaré : « Croyez-moi. Il ne se passera pas six mois avant que le monde ne mette à l'épreuve Barack Obama, comme il l'avait fait avec Kennedy (...). Écoutez, nous allons avoir une crise internationale, une crise fabriquée, pour voir de quel bois se chauffe ce gars-là (...). Je vous garantis que cela va arriver. »
Destinée initialement à démontrer la pugnacité et le courage d'Obama en le comparant à JFK, cette déclaration maladroite est exploitée par McCain qui juge que le pays n'a pas besoin « d'un président qui invite le monde à le tester à un moment où notre économie est en crise, et où les Américains se battent déjà dans deux guerres ! »
Le 29 octobre, Barack Obama diffuse un spot de 30 minutes sur 7 chaînes américaines (CBS, NBC, FOX, BET, Univision, MSNBC et TV One). Dans ce spot, qui aura coûté 4 millions de dollars, le candidat annonce un plan en faveur des classes moyennes pour lutter contre la crise économique.
Ce mardi soir 4 novembre , une ère sera close : celle de la présidence Bush - même si la passation de pouvoir à son successeur n'interviendra que le 20 janvier 2009. Une présidence que le New York Times a jugée "la pire de l'histoire américaine" : sur le plan de l'économie, de la sécurité nationale, du respect de l'état de droit... Jamais, depuis que ces sondages existent, la cote de popularité d'un président n'était tombée aussi bas : 25 % d'opinions favorables, 68 % de défavorables. Rien d'autre n'explique que Barack Obama ait fait du "changement" le mot-clé de sa campagne. Et que, dès sa désignation, son adversaire, John McCain, ait lui aussi revendiqué ce slogan.
Pour autant, l'humiliante agonie du "bushisme" est insuffisante pour donner la mesure du "moment" que les commentateurs s'évertuent à désigner comme "exceptionnel". L'Amérique blessée de l'après-11 septembre 2001 était celle des certitudes. L'Amérique de novembre 2008 est celle des interrogations, des convictions ébranlées.
"Nous sommes bons", avait dit George Bush avant d'attaquer l'Irak. Les Etats-Unis étaient la seule hyperpuissance et ses ennemis désignés : le Mal. Le néoconservateur Paul Wolfowitz élaborait un monde où son pays aurait assuré sa sécurité et ses approvisionnements énergétiques pour cinquante ans. Le conseiller en politique intérieure de George Bush, Karl Rove, voyait son camp dominer la carte électorale pour longtemps.
Ces visions se sont fracassées sur des réalités non conformes aux assurances des idéologues. Mais aucune réponse univoque n'a émergé pour les remplacer. Par son charisme et sa capacité rhétorique exceptionnels, le candidat démocrate Barack Obama a suscité une mobilisation sans précédent autour de deux mots : "espoir" et "changement". Et il en a esquissé les grandes lignes : la fin de l'"unilatéralisme" américain adossé à sa puissance militaire dans les relations internationales ; le retour de l'Etat dans la régulation de l'économie, de son investissement dans les grandes infrastructures : environnement, santé, éducation.
Mais il suffit d'interroger ses partisans de tous âges et toutes origines pour constater combien leurs attentes peuvent être parfois divergentes, et leurs interrogations plus nombreuses que leurs certitudes. Ils savent ce dont ils ne veulent plus. Mais le "comment" - comment faire autrement - reste souvent sans réponse. De même, il suffit, sur certains dossiers - du retour de la croissance à l'énergie, de l'Afghanistan au conflit israélo-palestinien - de constater combien ses conseillers ont des conceptions diverses, parfois divergentes, pour saisir l'étendue des questions qui taraudent l'Amérique une fois la page Bush tournée. La même chose est vraie côté républicain.
L'image convenue consiste à évoquer l'affrontement de "deux Amériques". La jeune contre la vieille, la blanche contre la métissée, la conservatrice contre la progressiste, l'Amérique paupérisée des classes travailleuses contre celle des financiers et des nouveaux riches ou, enfin, l'Amérique traditionnelle, que Sarah Palin, la colistière de M. McCain, incarnerait, contre la nouvelle, celle de Barack Obama. Ces clivages, indubitablement, existent. Mais ils ne résument pas l'affrontement du 4 novembre.
SENTIMENT D'URGENCE
Sinon, comment expliquer que nombre d'ouvriers voteront McCain, quand tant de brokers voteront Obama ? Que Francis Fukuyama, néoconservateur bon teint, réinventeur du concept de la "fin de l'Histoire" - la victoire définitive du capitalisme démocratique comme seul modèle universel - se retrouve désormais du côté de M. Obama ? Et que Joe Lieberman, candidat démocrate à la vice-présidence en 2000, soit désormais un homme-lige de M. McCain ?
Comment expliquer, surtout, la montée en force spectaculaire du nombre des électeurs "indépendants", sinon par l'absence de réponses satisfaisantes apportées à leurs interrogations. Et celle, non moins spectaculaire, de la participation électorale attendue, sinon par le sentiment d'urgence à obtenir des réponses ? Comment expliquer enfin que, si la cote de M. Bush est au plus bas, celle du Congrès, pourtant dominé depuis deux ans par les démocrates, l'est encore plus : 17,3 % d'opinions favorables sur son activité, 74,7 % de défavorables.
La désaffection vis-à-vis du "bushisme" s'accompagne d'une remise en cause globale de la gestion politique du pays. M. Obama, par son originalité intrinsèque, y puise sa force. M. McCain s'est vite positionné comme un "franc-tireur", promettant de "réformer Washington". Pour caricaturer, l'un promet de tout changer, la forme et le fond ; l'autre de tout changer pour que rien ne change, pour préserver la "véritable Amérique", dirait Sarah Palin.
La campagne avait débuté sous l'ombre des difficultés américaines en Irak. Une seule question a dominé sa dernière phase : l'état de l'économie et sa relance. En filigrane, une autre l'a constamment accompagné : la "question raciale". Un Noir peut-il être président ? Mais des questions apparues essentielles en début de campagne ont quasi disparu avec le temps : ainsi la relation avec la Chine ou l'immigration.
Ces deux questions sont pourtant directement liées à l'économie et à la place de l'Amérique dans la mondialisation. Or cette place n'a été évoquée quasiment qu'en termes de sécurité nationale (Iran, Russie, terrorisme) ou, à quelques rares occasions, d'équité commerciale. M. McCain a promis chaque fois de "préserver le leadership de l'Amérique" ; M. Obama a évoqué la nécessité de le "restaurer" car il a été terni sous M. Bush.
Mais l'un comme l'autre ont tenu pour évident que ce leadership était naturel. Il l'est aussi pour l'opinion. Or celle-ci, entre l'impossibilité de remporter la "victoire" en Irak et en Afghanistan, l'incapacité à faire reculer l'Iran sur la question nucléaire, l'effondrement des repères économiques reaganiens qu'elle tenait pour éternels, l'émergence de la Chine et de l'Inde, perçoit confusément que c'est l'avenir de l'Amérique dans le monde qui est en jeu. Certes, l'éventualité qu'un Noir y accède à la présidence confère en soi à ce scrutin un caractère unique. Mais ce questionnement - l'Amérique restera-t-elle l'Amérique ? - évoqué dans des colloques, des débats télévisés durant la campagne, constitue l'arrière-fond du sentiment partagé par tant de ses citoyens de connaître cette année une élection "exceptionnelle".
Sa grand mère ne verra pas son investiture
A son arrivée en Caroline du Nord, lundi 3 novembre, pour son avant-dernier meeting avant le scrutin, Barack Obama a annoncé que Madelyn Dunham, sa grand-mère maternelle, était morte d'un cancer à 86 ans à son domicile d'Honolulu. Il avait interrompu les 22 et 23 octobre sa campagne électorale pour se rendre par avion à son chevet à Hawaï. Elle l'avait en partie élévé à partir de 10 ans lorsque sa mère était partie travailler en Indonésie.
Mardi 4 Novembre : c'est fait...
Barack Obama, 47 ans, est désormais le 44e président des Etats-Unis et le 4 novembre 2008 fera date dans l'histoire du pays. Il était 5 h 5, heure de Paris, lorsque les médias américains ont annoncé la victoire du candidat démocrate face à John McCain. Barack Obama devient ainsi le premier président noir des Etats-Unis. Moins d'une heure plus tard le nouveau président était sur la scène du Grant Park de Chicago pour fêter sa victoire et assurer aux Américains que "le changement arrive aux Etats-Unis".
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