vendredi 31 août 2012
« Alors
que tous les experts climatiques s’accordent pour dire que Madagascar
est en première ligne pour affronter les conséquences du réchauffement
climatique, la Grande île a déjà perdu 85% de sa forêt et souffre déjà
de sécheresse dans toutes ses régions ». Ces propos sont de Frédéric
Debouche, Président de l’ONG Grain de vie lors de la conférence de
presse organisée ce 30 aout 2012. Selon ses dires, la Constitution de
Madagascar proclame solennellement dans son préambule que « conscient de
l’importance exceptionnelle des richesses de la faune, de la flore et
des ressources minières à forte spécificité dont la nature a doté
Madagascar et qu’il importe de préserver pour les générations futures,
tout individu doit s’efforcer de protéger, sauvegarder, améliorer ou
exploiter au mieux de l’intérêt général, le sol, le sous soul, les
forêts et les ressources naturelles de Madagascar ». Il est stipulé
aussi dans l’ordonnance 60-127 et dans le Code des 305 articles que les
défrichements et feux de végétations sont interdits à l’intérieur du
domaine forestier national. « Malgré cela, l’on continue à tolérer sans réaction les feux de brousse dans l’ensemble du territoire malgache » déclare Frédéric Debouche.
« Les études effectuées démontrent que chaque fois qu’on la brûle,
la terre s’appauvrit de façon irréversible jusqu’à devenir stérile, et
que la désertification et la raréfaction des pluies sont directement
liées à la déforestation. Des techniques simples permettent de
multiplier par 5 la production du riz dans les rizières, rendant inutile
le besoin de brûler les collines pour récolter un maigre sac de riz ou
de maïs supplémentaire », explique le président de l’association Grain de vie.
« Le système de surveillance satellitaire financé par les
États-Unis prouve que la Grande île connaît en ce moment même les plus
importants brûlis de forêt depuis 10 ans. Même la capitale se couvre de
la fumée des feux de brousse pourtant éloignés de plusieurs centaines dE
kilomètres. Il suffit de survoler Madagascar pour se rendre compte de
l’étendue du désastre » déplore Frédéric Debouche. La pression faite
sur les dernières forêts malgaches par les incendiaires est telle
qu’aujourd’hui la survie de ce qu’il reste de forêt primaire est
menacée. « Le manque d’intervention des autorités malgaches, à tous
les niveaux, les rend complices de la situation actuelle et donc
responsables vis-à-vis des générations présentes et futures. C’est un
problème critique qui doit concerner chaque malgache car l’enjeu est
simple. Il s’agit de la survie même de tout un peuple. Comment
nourrirez-vous vos enfants et descendants lorsque vos richesses se
seront envolées en fumée, et que la sécheresse qui sévit déjà dans le
Sud et commence déjà à sévir à Tana, aura gagné tout le territoire ?
Comment arriverez-vous à convaincre les touristes de venir encore
visiter votre pays si votre territoire dans son entièreté ressemble à la
désolation qui envoute votre capitale ? Comment parviendrez-vous à
attirer l’aide internationale, essentielle au développement du pays et
de plus en plus liée à la protection de l’environnement, si vous restez
incapable de protéger le peu des forêts qu’il vous reste ? Il est urgent
de prendre des mesures radicales pour sauver ce qui peut encore l’être » déclare Frédéric Debouche.
L’ONG propose dont à ce que le pouvoir en place démontre son autorité
en mettant en œuvre tous les moyens possibles pour faire appliquer la
loi et faire interdire les feux de brousse. La sensibilisation des
communautés rurales à la protection de l’environnement figure aussi
parmi les solutions proposées. Outre cela, Grain de vie propose à ce que
Madagascar revoit son programme de gestion domaniale, en expropriant
les terrains privés inutilisés et en les mettant à disposition de la
population.
Grain de vie mène des programmes de reforestation à Madagascar depuis
2009. Près d’un million d’arbre sont déjà plantés. L’année prochaine,
l’ONG compte faire un reboisement sur 1000 ha de terrain.
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