Un superbe cadeau de Noël pour la famille d’Andriamahenina Étienne, habitant un village du côté d’Andriambilany, dans le district d’Ambatolampy. Le jour de célébration de la fête de la Nativité, elle a pu accéder gratuitement à l’énergie électrique, et ce de la plus économique et de la plus écologique des façons qui puissent exister, à savoir, une électricité produite par une pico turbine. En effet, s’inscrivant dans le cadre d’un projet financé par l’ADDR, l’agence suisse de développement, en partenariat avec le centre écologique Albert Schweitzer (CEAS) de Neuchâtel, le créateur de la pico turbine en personne, Jean Christophe Maillard de la Morandais, est arrivé à Madagascar le 6 décembre dernier avec une vingtaine de ses appareils en vue d’une expérimentation en condition réelle, après les avoir fait tourner pendant 6 mois sur banc d’essai en Suisse. Une grande première donc pour AZ ingénierie SA, le producteur des matériels, mais également pour la Grande Ile qui est le premier pays au monde à bénéficier des services de ce nouvel appareil. « Les pico turbines seront installées dans différentes localités de Madagascar afin que nous puissions avoir un retour d’expérience des utilisateurs, retour d’expériences qui nous permettra d’y apporter les améliorations techniques nécessaires avant la finalisation du produit » a déclaré Jean Christophe M. Il est bien entendu que ces appareils finalisés, afin de répondre aux besoins spécifiques des utilisateurs ,seront mis sur le marché ensuite. Durant son séjour qui duré 23 jours, le brillant créateur accompagné de 2 de ses collaborateurs, s’est attelé au montage des appareils car ces derniers ont été livrés à Madagascar en pièces détachées. « L’assemblage sur place s’est déroulé avec les partenaires malgaches pour qu’ils puissent comprendre la technologie afin qu’ils soient ainsi les plus autonomes possibles dans la maintenance » a tenu à souligner Jean Christophe. Ce n’est qu’après cette phase que les premières pico turbines ont pu être installées, notamment dans la commune d’Andriambilany où la maison de la famille Andriamahenina est sortie de son obscurité par la magie de l’énergie électrique. A noter que la totalité des appareils seront installée d’ici la fin de ce mois avec la collaboration de CICAFE, représentant du CEAS à Madagascar, et des associations villageoises partenaires La pico turbine est un générateur d’électricité à aimant permanent entraîné par l’énergie de l’eau. Les 20 appareils à installer ont une puissance de 300 W, et le rendement global de chaque appareil est de 70%, c’est-à-dire que 70% de l’énergie de l’eau est transformée en électricité, « ce qui est assez exceptionnel si on le compare au rendement des plaques photovoltaïques dont le rendement n’est que de 14% » a précisé Jean Christophe Maillard de la Morandais, le créateur de ces appareils. D’autre part, ces appareils n’ont besoin que d’une chute d’eau de 1,45 m pour fonctionner 24 heures sur 24 et 365 jours par an, « ce qui équivaut à 2.400 KW/heure, une quantité d’énergie non négligeable surtout en zone rurale » déclare fièrement le jeune ingénieur. Par ailleurs, c’est un appareil respectueux de l’environnement car il est en grande partie fait en plastique entièrement recyclable. Le fer et le cuivre constituent les quelques pièces métalliques de la pico turbine mais les métaux lourds sources de diverses pollutions sont totalement inexistant au sein de cet appareil, selon son créateur qui n’a pas manqué de faire le parallèle avec les appareils solaires qui ne peuvent pas encore s’en passer, tant au niveau des plaques qu’au niveau des batteries. « La pico turbine a été faite aux normes ROHS, une norme européenne très sévère règlementant l’utilisation des métaux lourds », a souligné Jean Christophe. En outre, la pico turbine a été conçue pour être facilement entretenu et réparé avec un nombre réduit (8) de pièces constitutives. « Nos partenaires avec le génie qu’on connait des Malgaches, se sont facilement appropriés le mode de fonctionnement des appareils durant la période d’assemblage », a déclaré Jean Christophe. Interrogé sur ses perspectives dans ce domaine le créateur de la pico turbine s’est montré quelque peu discret. Toutefois, il nous a laissé entendre que des réalisations allant dans ce sens mais d’une toute autre envergure sont en gestation au sein de la société AZ Ingénierie S.A. dont il fait partie. En attendant, des picos de 600 W et de 900 W arriveront bientôt à Madagascar.
« Il existe dans le monde 1milliard et demi de gens qui n’ont pas accès à l’électricité. Toutefois, au moins 100 millions d’entre eux peuvent en bénéficier grâce à la pico turbine, tout simplement parce qu’ils habitent dans des lieux ou des régions où il y a de l’eau avec le débit adéquat (30 à 40 litres par seconde) pour faire tourner l’appareil » déclare Jean Christophe Maillard, expliquant l’une des raisons qui l’a poussé à créer la pico turbine. Pour la petite histoire, il faut dire que le domaine de l’électricité ne lui est pas étranger car il a travaillé et durant 17 ans au sein d’EDF Bretagne, et dans les années 90, il a décidé de voler de ses propres ailes en fondant une ONG oeuvrant dans le domaine de l’électrification rurale. Après plusieurs missions en Haïti, il s’est rendu compte qu’il n’existait pas sur le marché de produit qui corresponde aux véritables besoins de la population dans ce domaine, que ce soit en terme de fiabilité, de prix ou de technologie qui soit adaptable, modifiable et réparable sur place. « Après inventaire de ce qui existait en ce temps, je me suis dit qu’il fallait créer quelque chose et après plusieurs années de réflexion, je me suis aperçu qu’il y avait des possibilités dans le domaine de la petite hydraulique » raconte l’ingénieur. La pico turbine est ainsi née avec des critères très précis, notamment, une grande fiabilité avec ses nombres de pièces réduits et de fabrication industrielle qui lui évite les aléas de la fabrication artisanale, une modicité du prix de revient avec l’utilisation de technologie adaptée à l’instar de l’injection de plastique, et enfin en dernier et non des moindres, une technologie facilement appropriable par les utilisateurs. « La première pico que nous avons fait tourner à l’Ecole d’ingénieur de Genève était en bronze. Elle avait un rendement de 80% » continue Jean Christophe, « et les appareils qui sont installés à Madagascar ont passé avec succès le banc d’essai. Je tiens a préciser qu’une pico turbine, outre le fait qu’elle soit entièrement réparable, coûte 10 fois moins cher que les appareils solaires », conclue-t-il, non sans fierté. « Nous avons du faire intervenir une de nos connaissances auprès des instances supérieures de l’Etat pour rassurer les autorités douanières que ces appareils n’étaient pas des armes », a déclaré Andrianaivo Charles Bert, le premier responsable de CICAFE. En effet, la pico turbine ressemble étrangement à une bombe à ailettes, et en plus, elles étaient arrivées à Madagascar la veille de l’élection. « Le temps que l’inventeur débarque pour leur expliquer la véritable utilisation de l’engin, j’aurai été bon pour une garde à vue, au minimum » a continué Charles en plaisantant. « Toutefois, l’introduction de ces appareils n’a bénéficié d’aucun passe-droit car les taxes et droits y afférents ont été payés régulièrement », a-t-il tenu à préciser. En ce qui concerne une éventuelle collaboration avec les instances gouvernementales en charge de l’électrification rurale, la CICAFE qui est le responsable du projet à Madagascar a déjà effectué les démarches nécessaires et le contact avec l’ADER, l’agence en charge de l’électrification rurale, est en vue, a déclaré Andrianaivo Charle s Bert.
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