Si la plupart laissent derrière eux un souvenir douloureux de leur séjour dans ce pays, Lantosoa affirme avoir été bien traité.
Lantosoa veut encore garder l'anonymat, même dans son pays natal. Débarqué à Madagascar le 6 novembre, son retour a été singulier, car il a eu droit à une escorte de la police française jusqu'à l'aéroport de Roissy.
A 37 ans, ce jeune homme célibataire est un Malgache expulsé de France. Il a été victime de la loi Sarkozy, votée en 2006, qui poursuit les étrangers sans papiers résidant en France.
“Mon séjour en terre française a débuté en 1991, quand j'y étais parti avec un visa étudiant. Mais la mort de mon père en 1995 m'a obligé à revenir au pays. En 2002, suite aux évènements que Madagascar a vécu, j'y étais reparti avec un visa touriste suite à des problèmes que j'avais eu durant cette crise”, raconte Lantosoa.
Suite au conseil qu'il a reçu auprès d'amis Malgaches, il a fait une demande d'asile politique auprès d'une préfecture française. “C'était le recours le plus sûr pour obtenir une prolongation de séjour pour nous, sans papiers. Mais encore, je n'avais que trois mois de prolongation, ce qui m'a obligé à me débrouiller”, se souvient-il.
Même si Lantosoa a des proches en France, il est resté un sans domicile fixe durant son deuxième séjour là-bas. “J'étais basé sur Paris et la Haute Seine. J'ai pu y trouver un emploi assez bien rémunéré, celui de distributeur de journaux à domicile”, continue notre homme, loin d'oublier les galères qu'il a eues pour échapper aux contrôles policiers.
Arrestation et détentionToutefois, les demandeurs d'asile politique bénéficient d'une aide d'une valeur de 400 euros pour payer leur loyer, la nourriture et reçoivent aussi les conseils d'un assistant social.
“En gros, je n'ai pas trop souffert de mon statut. Mais chaque Malgache a son cas, tous ne se ressemblent pas”, ajoute Lantosoa.
Notre homme a subi une enquête auprès d'un tribunal français sur son cas. Après que sa demande ait été rejetée en avril 2005, il a laissé tomber la démarche nécessaire au tribunal de recours. “Même si les procédures administratives sont gratuites en France, je n'ai pas voulu poursuivre, faute de temps. Trop de documents ont été exigés des sans-papiers. Ainsi, je suis resté sans papiers jusqu'en octobre 2006, date de mon arrestation”, révèle ce ressortissant malgache.
Comme tout étranger sans papiers, il a été détenu pendant une semaine dans un centre où il affirme avoir été bien traité avant de recevoir le billet pour revenir à Madagascar. “Je me souviens bien que j'étais le seul Malgache là-bas, les Soudanais y étaient nombreux”, note-t-il.
Lantosoa va encore tenter de revenir en France. “J'espère pouvoir y arriver par l'intermédiaire de mon patron s'il veut bien m'aider avec le visa. D'ici là, je vis normalement à Madagascar”, conclut notre homme.
64 explusés depuis 2006La loi Sarkozy frappe les Malgaches. Mais peu de sans-papiers ont été arrêtés par la police française car bon nombre vivent clandestinement. L'année dernière, la Direction des renseignements et du contrôle de l'immigration et de l'émigration a recensé 64 Malgaches refoulés de France en 2006. 49 d'entre eux étaient en séjour irrégulier tandis que 15 non admis d'entrée.
“Ce chiffre de reconduction à la frontière est peu nombreux pour Madagascar par rapport aux autres pays africains”, souligne Rolland Andréas, premier responsable de ce département au sein du ministère de l'Intérieur et de la réforme administrative.
“Bon nombre de Malgaches résidant en France sont en situation irrégulière. Nombreux, notamment des jeunes, partent d'ici avec un visa touriste, ce qui leur pose problème une fois le visa expiré”, rajoute-t-il.
Selon les informations émanant du service de l'immigration, de nombreux Malgaches veulent rester en France par tous les moyens dont la falsification de visas. “Cinq ont été arrêtés en 2006 suite à un contrôle”, souligne Andréas Rolland qui explique que l'envoi de passeport pour renouvellement devient une tendance chez les Malgaches résidant en France.