En cette année 2010, les anciennes
colonies françaises d'Afrique subsaharienne vont célébrer le cinquantième
anniversaire de leur accession à l'indépendance. Après un demi-siècle
d'existence, c'est donc l'heure du bilan pour ces jeunes nations africaines. Du
Sénégal au Congo, chacun s'apprête à célébrer l'évènement avec plus ou moins de
faste, et souvent dans la polémique, de nombreux commentateurs estimant ces
effusions hautement déplacées compte-tenu de la situation critique dans
laquelle se trouvent la quasi-totalité des pays concernés. En outre, la France
a elle-même annoncé son intention de prendre part à ces manifestations,
évoquant même son souhait d'organiser des « célébrations concertées »
avec ses anciennes colonies africaines. Il n'en fallait pas plus pour relancer
l'éternel débat sur la réalité de ces indépendances et sur le maintien de
relations souvent qualifiées de néo-coloniales entre la France et un certains
nombre de pays africains.
Le bilan de ce cinquantenaire
d'indépendance est en effet bien sombre et les déclarations incantatoires de
Paris sur la « rupture » et la fin de la Françafrique ne semblent pas
parvenir à tromper grand monde tant les faits indiquent au contraire la
persistance de forts liens de dépendance entre la métropole et son ancien
empire africain. Cette relation particulière est à bien des égards une
spécificité franco-africaine. Mais de nombreux éléments semblent également
mettre en évidence l'existence d'un système plus global et plus diffus de
domination de l'Afrique, ou en tout cas d'exploitation de ses ressources, par
et au profit des puissances occidentales et de certains pays émergents...
A l'occasion de cet anniversaire et
des nombreux débats qu'il suscite, FarafiNews se penchera régulièrement sur
cette délicate question de l'(in)dépendance des anciennes colonies africaines
de la France...
Episode I :
"Indépendances octroyées" et "décolonisation pacifique" ?
Dans nos
livres d'histoire, la décolonisation de l'Afrique subsaharienne tient en
quelques lignes à peine : convaincu de l'inexorable aspiration des peuples
indigènes à la liberté et à l'autonomie, le Général De Gaulle aurait décidé
d'octroyer progressivement leur indépendance aux territoires de l'AEF et de
l'AOF, organisant d'abord en 1958 le passage à la Communauté Française, au sein
de laquelle les territoires jouissait d'une certaine autonomie, puis accordant
les indépendances pleines et entières à tous les territoires africains au cours
de l'année 1960. Grâce à cette politique visionnaire, le Général rendit ainsi
possible une décolonisation progressive et surtout « pacifique », à
l'exception de l'épineux cas algérien... Une vision très officielle de
l'histoire que résume ainsi le nouveau secrétaire général du Cinquantenaire des
indépendances africaines, l'ancien ministre Jacques Toubon : « Une
décolonisation réussie, parce que c’est une décolonisation qui s’est faite par
consentement mutuel, la volonté de ces pays de ces territoires, après la loi
cadre de 1957, après la marche vers l’autonomie de 1958, après la constitution
que le général de Gaulle a fait adopter en 1958, d’accéder à l’indépendance
pleine et entière d’états souverains, secondés par la France, à ce moment-là,
et soutenus par elle tout au long de ces 50 années ».
Pourtant, la réalité de la
décolonisation est moins rose, et en tout cas bien plus nuancée. En fait de
grandeur d'âme, la politique africaine de De Gaulle était bien évidemment
déterminée par la position délicate de la France sur la scène internationale,
et par le climat politique et social de plus en plus houleux dans les
territoires de l'empire. La Seconde Guerre Mondiale a en effet irrémédiablement
entamé le prestige et l'aura des nations coloniales sur les peuples dominés, et
les élites africaines formées aux meilleurs écoles métropolitaines ont
constitué de nombreux et puissants syndicats et mouvements politiques. Une
aspiration profonde à l'autonomie se fait jour, qui s'appuie sur les nouveaux
principes énoncés dans différentes chartes et institutions internationales et
sur la posture anti-coloniale de l'Amérique, nouvelle superpuissance mondiale.
Le contexte de Guerre Froide et les débuts de la bipolarisation du monde ne
jouent pas en la faveur des puissances coloniales traditionnelles que sont
l'Angleterre et surtout la France, d'autant plus fragilisée par sa défaite
éclair de 1940.
Le concept d'indépendance
« octroyée » est donc absurde, et relève largement de la relecture de
l'histoire, tout comme celui de "décolonisation pacifique"
d'ailleurs... Dans certains pays, des insurrections populaires ou des
mouvements indépendantistes sont en effet très sévèrement réprimés, comme par
exemple à Madagascar, où l'armée française écrasa dans le sang un important
soulèvement populaire en 1947, ou encore au Cameroun où la chasse impitoyable
faite aux militants de l'UPC (Union des Populations du Cameroun) par le
colonisateur, puis par l'administration nouvellement indépendante avec l'appui
de l'armée française, s'apparente clairement à une guerre d'indépendance de par
la violence des affrontements et le nombre de victimes : massacres et
déplacements de population, villages rasés etc.
Les indépendances des anciennes
colonies africaines de la France ont donc été arrachées à la France par les
africains sous la contrainte, ou tout du moins sous la conjonction d'un
certains nombre de pressions, et parfois à un prix très élevé. Car la France de
De Gaulle est bien consciente de l'importance capitale de ses possessions
coloniales, tant sur le plan économique que diplomatique et stratégique. Dans
ce nouveau monde en construction, la France de l'immédiat après-guerre paraît en
effet bien fragile, et très isolée face aux blocs soviétiques et américains en
cours d' édification. Si la France se résout donc à décoloniser
officiellement, elle va tout faire pour mettre en place des mécanismes qui lui
permettront de maintenir sa mainmise sur ses anciennes possessions africaines.
En proclamant les indépendances, la France met donc officiellement fin au
colonialisme... Mais dans le même temps, elle met sur pieds un système caché de
domination qui va prendre insidieusement le relais de la colonisation. C'est le
début de ce qu'on appellera bien plus tard la Françafrique...
Episode 2
Les
anciennes colonies africaines de la France à l’heure du bilan
Comme
promis, nous poursuivons notre passage en revue de 50 ans d'indépendance dans
les anciennes colonies françaises d'Afrique subsaharienne. Dans l’épisode 1 nous
revenions sur le contexte et les conditions réelles de la décolonisation,
déconstruisant au passage la rhétorique officielle de la décolonisation
octroyée et pacifique rendue possible par le génie visionnaire du général De
Gaulle. Car si génie il y a eu, c'est comme d'habitude chez le général dans
l'habileté politique où la ruse confine parfois à la manipulation. De la même
façon que le fameux "je vous ai compris" relevait du pur bluff
politique et visait à donner des gages fictifs aux partisans acharnés de
l'Algérie française, la proclamation des indépendances a permis de satisfaire
aux nouvelles exigences anti-coloniales de la communauté internationale,
opportunément défendues par les superpuissances américaines et soviétiques (au
bénéfice de leur propre politique impérialiste, cela va sans dire). Il était
donc indispensable de céder sur le plan symbolique en proclamant des
indépendances en droit, sous peine de voir la France isolée au plan
international...
Episode 2 :
Indépendances de droit mais dépendance de fait
Mais dans
les faits, point question pour De Gaulle de renoncer aux avantages de l'Empire
colonial qui, avec l'arme atomique, constituait le seul attribut permettant à
la France de prétendre à un rang de puissance mondiale, même secondaire. Ainsi,
alors même que les indépendances sont officiellement proclamées successivement
tout au long de l'année 1960, De Gaulle met en place avec son bras droit
Jacques Foccart tous les éléments d'un système caché de contrôle politique,
économique et militaire permettant à la France de garder toute son influence
sur ses anciennes colonies, et de continuer à jouir des bienfaits de l'Empire.
Car les avantages économiques et stratégiques du maintien de la mainmise
française sur son "pré-carré" africain étaient, et restent encore
dans une certaine mesure, très importants. On peut d'ailleurs en énumérer les principaux.
Sur le plan économique, c'est avant tout l'accès garanti aux matières
premières stratégiques et/ou très rentables (pétrole, uranium, bois etc.). Sur
le plan géopolitique et stratégique, c'est égalementle maintien d'un poids
décisionnel important à l'ONU, qui ne peut être garanti que par des États
clients qui soutiennent systématiquement les positions françaises ; et dans une
moindre mesure la valorisation du rôle de la France comme
« sous-traitante » des États-Unis pour contenir l'expansion communiste
sur le continent africain dans un contexte de guerre froide. Enfin, il faut
mentionner un dernier élément non-négligeable pour les dirigeants français : le
financement occulte de la vie politique française (d'abord du parti gaulliste,
puis de tous les grands partis français), à travers les détournements de l'aide
et des rentes des matières premières.
Mais comment
l'homme de l'ombre du Général De Gaulle, le sulfureux Jacques Foccart, expert
es coups tordus et cofondateur du SAC, qui s'est rapidement spécialise sur les
affaires africaines, est-il parvenu à maintenir un tel contrôle sur le
pré-carré français en dépit des indépendances officiellement proclamées ? La
reconnaissance des nouvelles nations africaines est en effet unanime, et un
certain nombre d'entre elles affichent dès lors des velléités d'autonomie et de
développement, quitte à jouer plutôt le rapprochement avec l'Union soviétique,
politiquement et économiquement plus intéressant que la tutelle française dans
le nouveau contexte de guerre froide. En dépit de cette volonté d'indépendance
réelle et de cette légalité internationale proclamée, c'est donc par tout un
ensemble de mécanismes, nécessairement occultes car illégaux, que la France de
De Gaulle et de ses successeurs, toujours assistés par l'infatigable Foccart,
va parvenir à garder un contrôle extrêmement strict et très profitable sur ses
anciennes colonies africaines. Ce système de domination, qu'on désignera bien
plus tard par le terme de Françafrique suite aux travaux de François-Xavier
Verschave, se joue tout à la fois sur les plans politique, militaire et
économique, à travers différents mécanismes que nous allons tenter de décrire
ici brièvement.
Dépendance
politique
Pour
s'assurer du soutien indéfectible et de la soumission politique de ses
anciennes colonies, la France a essentiellement procédé par l'installation et
la protection de chefs d'États « amis», l'exemple le plus flagrant étant
sans doute celui du gabonais Omar Bongo, pilier historique de la Françafrique
qui a reconnu être issu des services secrets français. Pour ce faire,
différentes méthodes ont été utilisées selon les époques et les situations
particulières de chaque pays. D'abord, la violence, comme ce fut le cas au
Cameroun où le populaire mouvement indépendantiste de l'UPC mené par Ruben Um
Nyobé a été écrasé dans un bain de sang par la France et ses alliés locaux,
provoquant entre 1957 et 1970 entre cent et quatre cent mille morts, selon les
estimations.
Dans
d'autres cas, quand la population était parvenue à se doter de leaders
éclairés, la France a procédé directement par l'assassinat politique. Ce fut
notamment le cas au Togo où Sylvanus Olympio fut assassiné par un quarteron
d'officiers franco-togolais fraîchement débarqué des guerres coloniales
indochinoises et algériennes, parmi lesquels se trouvait un certain Etienne
Eyadéma. Celui-ci prendra par la suite la tête du pays, instaurant une
dictature militaire impitoyable durant près de quarante ans, avant d'être
remplacé à sa mort par son fils Faure Gnassingbé. On peut également signaler la
mort pour le moins suspecte du prometteur dirigeant Centrafricain Boganda et
enfin, quelques années plus tard, le cas de Thomas Sankara, leader
charismatique du Burkina-Faso qui fut renversé et assassiné par son ami de
l'époque, l'actuel chef d'État burkinabé Blaise Compaoré, avec le soutien de la
France (et l'appui de l'indéfectible président ivoirien Félix
Houphouët-Boigny).
Dernière
méthode, la plus présentable et donc la plus utilisée aujourd'hui, la fraude
électorale massive qui permet d'écarter systématiquement tout candidat issu des
aspirations des peuples concernés, pour installer des dirigeants dévoués à la
cause française. A l'exception de la Guinée de Sékou Touré, coupable d'avoir
osé dire « non » à De Gaulle en 1958, et épisodiquement, de quelques
pays trop pauvres en ressources pour exciter les appétits français comme le
Mali, ou le Niger (jusqu'à la découverte de l'ampleur de ses réserves
d'uranium), aucune ancienne colonie africaine de la France n'a échappé à ces coups
d'États électoraux soutenus, voire organisés par la France.
Avant
d'examiner les mécanismes de prédation économique qui justifient cette
ingérence politique, une question s'impose : comment ces dirigeants africains
ont-ils pu accepter un tel marché, hypothéquant pour des décennies le
développement de leur pays et le bien-être de leurs populations ? La réponse
est aussi simple que désolante, c'est l'appât du gain. Les termes du marché
implicite passé par la France avec ces potentats locaux peuvent se résumer
ainsi « laissez-nous décider de la conduite des affaires du pays, et en
échange de votre silence et de votre soutien, servez-vous à volonté dans les
caisses de l'État ». Et les intéressés (au premier rang desquels les
Eyadéma, Mobutu, Traoré, etc.) ne se sont pas fait prier, constituant parfois
des fortunes considérables égalant la dette extérieure de leurs pays ! On
notera au passage que ce marché digne de Faust a eu des conséquence terribles
sur l'ensemble des sociétés concernées, cette logique de corruption à outrance
ayant nécessairement perfusé par capillarité descendante à tous les niveaux de
l'administration, et de la sphère économique dans son ensemble...
Domination
militaire
Sur le plan
militaire, la domination est également flagrante. Elle passe bien sûr par la
présence de bases militaires sur le continent africain, dont il ne reste
aujourd'hui que deux vestiges (Gabon et Djibouti) depuis la fermeture de la
base de Centrafrique et tout récemment de celle du Sénégal, et la
transformation de celle de Côte d'Ivoire en statut d'opération extérieure,
auxquelles il faut ajouter la présence militaire au Tchad, sous statut
d'opération extérieureprovisoire depuis... 1986. Si le nombre de
soldats français présents de manière permanente sur le sol africain a fortement
diminué depuis les années 1960, il faut noter que cette réduction s’est
accompagnée d’un accroissement constant des moyens de projection depuis la
métropole, et qu'il reste tout de même à l'heure actuelle environ 6000 soldats
français prépositionnés dans les bases permanentes, auxquels il faut ajouter de
3000 à 5000 soldats présents dans le cadre d’opérations extérieures ainsi
qu’une présence maritime permanente dans le Golfe de Guinée (affectée à la
surveillance des champs pétrolifères).
Les accords
de défense constituent l'autre instrument de la domination militaire. Ces
accords de défense lient officiellement huit pays africains à la France qui
leur garantit son soutien en cas de menace extérieure et intérieure.Ces
huit accords officiels s'accompagnent en outre de toute une série d'accords
plus ou moins secrets d'assistance technique et de coopération militaire. Le
corollaire de cette coopération est bien sûr la vente d'armes pour laquelle la
France se classe encore au 3e ou au 4e rang mondial selon les années, et se
distingue de ses concurrents, britanniques notamment, par l'opacité qui entoure
ces exportations aussi bien en termes de volumes et de types d'équipements que
de pays destinataires et des garanties qu'ils offrent en matière de
respectabilité.
A tout cela
s'ajoute la domination militaro-policière qui s'exerce à travers toute une
série d'officines publiques et privées, l'envoi de mercenaires parfois mandatés
et équipés par la France (comme le fameux corsaire de la Rpublique Bob Denard),
et la fourniture d'agents et de matériel de sécurité visant à former et à
équiper des polices politiques comptant parmi les plus violentes du monde et
qui s'illustrent régulièrement dans la répression sanglante des mouvements
d'opposition. Ces pratiques remontent aux origines de la Françafrique, avec par
exemple le recyclage des anciens de l'OAS au service de ces polices politiques
africaines, qui sont à leur tour passées maître dans l'usage de la torture.
Dernier exemple en date, la fourniture par un groupe français de 500 000 euros
d'équipement pour les forces de sécurité togolaises (dont certains des cadres
ont été mis en causes pour des affaires de tortures et d'exactions sur des
militants de l'opposition) à l'approche des présidentielles de 2010, dans le
cadre d'un « projet d'appui à la sécurisation des élections », sans
compter la formation à la « gestion démocratique des foules » (selon
la terminologie utilisée par la coopération française) assurée par des
instructeurs français.
Prédation
économique et pillage des ressources
L'exploitation
des richesse du continent africain était dès l'origine au cœur du projet
colonial. Lorsque celui-ci prend fin, l'accès à certaines ressources
stratégiques reste une préoccupation majeure pour le général De Gaulle qui
affirme dès 1961 : « Notre ligne de conduite, c’est celle qui
sauvegarde nos intérêts et qui tient compte des réalités. Quels sont nos
intérêts ? Nos intérêts, c’est la libre exploitation du pétrole et du gaz
que nous avons découvert ou que nous découvririons. » Pour
remplir cet objectif, le général crée Elf Aquitaine, avec à sa tête un de ses
proches issu des services secrets : Pierre Guillaumat. C'est le début de la
mise en place du système Elf, qui vise à assurer la mainmise française sur le
pétrole et le gaz africain. Cette entreprise ne sera jamais une simple
compagnie pétrolière, comme le montre notamment le nombre d'agents secrets
qu'elle emploie (jusqu'à 400), et comme le démontrera partiellement l'affaire
Elf, lorsque celle-ci éclate à la fin des années 90, éclaboussant au passage
les plus hauts personnages de la République dont l'ancien ministre et président
du Conseil Constitutionnel Roland Dumas, et même le Président de l'époque,
François Mitterrand. Pour prendre la mesure de l'ampleur du système Elf, le
mieux est encore de citer son ancien dirigeant Loïk Le Floch-Prigent : « il
ne se passe rien dans les pays pétroliers, en particulier en Afrique, dont
l'origine ne soit pas Elf »1. Le groupe était en effet au cœur d'un système de
corruption à grande échelle, mêlant entre autres ventes d'armes et financement
des partis politiques français, tout cela grâce aux immenses rentes pétrolières
détournées des pays producteurs avec la complicité grassement rémunérée de
leurs dirigeants.
Mais si
l'action d'Elf est unique par son ampleur et sa proximité avec les cercles du
pouvoir politique et économique en France et en Afrique, ce groupe n'a pas été
le seul acteur du pillage des ressources africaines. On peut ainsi mentionner les entreprises métropolitaines
que la décolonisation a laissées en position dominante voire monopolistique
dans certains banque en Afrique.
Outre
l'action des entreprises, qui bénéficie le plus souvent d'un soutien plus
qu'appuyé de la part du pouvoir politique français, l'exploitation économique
de l'Afrique est facilitée par des éléments systémiques que sont les accords de
coopération économique qui assurent à la France un quasi-monopole d'accès à
certaines ressources stratégiques ou particulièrement rentables, et surtout le
Franc CFA, véritable camisole contraignant les anciennes colonies africaines à
commercer en prioritairement avec la France, et qui fut également un outil de
détournements et de blanchiment massifs. Enfin, les pays africains sont
également prisonniers du carcan d'une dette exponentielle, contractée par des
dictateurs irresponsables avec l'encouragement bienveillant de Paris, et qui
entrave aujourd'hui inexorablement le décollage économique de ces pays...
Ces trois
dimensions de la domination de la France sur ses anciennes colonies africaines
sont encore présentes aujourd'hui, bien que l'on constate une évolution notable
dans les formes de la domination comme dans les discours qui entourent cette
politique de plus en plus contestée. Nous aurons donc prochainement l'occasion
de continuer ce tour d'horizon de 50 ans d'indépendance des anciennes colonies
africaines de la France, en examinant notamment les évolutions récentes de la
Françafrique, et la problématique plus globale de l'insertion de l'Afrique dans
la mondialisation, insertion qui se traduit le plus souvent par une
extraversion exacerbée et surtout subie, et qui entrave fortement le
développement et l'essor des économies domestiques africaines...
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