Des voix s’élèvent ces derniers temps pour réclamer la transparence autour des trafics de bois de rose. Mis à part les membres de l’opposition, Patrick Zakariasy, Tangalamena d’Andovoranto ainsi que de simples citoyens ont dénoncé les pillages du patrimoine forestier, où de hautes personnalités et de hauts gradés des hommes en treillis seraient impliqués. Sans tarder, le Gouvernement de la Transition, par le biais du département de l’Environnement et des Forêts, a décidé d’ouvrir une enquête afin d’identifier les auteurs ainsi que les complices de ce crime. A cet effet, des enquêteurs, sous la houlette du ministre de l’Environnement et des Forêts, le Général Herilanto Raveloharison, sont à pied d’œuvre depuis quelques jours. Ils ont commencé à Antananarivo avant d’aller à Toamasina et dans la Région Sava (Sambava, Antalaha, Vohémar et Andapa) et celle Analanjirofo.
Au bout de quelques jours seulement, les enquêteurs sont désormais en possession de preuves tangibles, voire accablantes. De source informée, on nous a signalé que des Officiers supérieurs de la Gendarmerie, de hauts gradés de la Police nationale, trois membres de la Haute autorité de la Transition (Hat), des douaniers, des agents du ministère de l’Environnement et des Forêts ainsi que des opérateurs économiques sont impliqués dans cette affaire. Un membre de la Hat, très connu de tout le monde pour ses actions controversées, figure parmi les cerveaux des trafics de bois de rose.
Des interventions…
Notre source a également révélé l’existence d’interventions venant d’en haut afin de stopper les enquêtes ou du moins, de les bâcler. Mais, le Président de la Haute autorité, Andry Rajoelina, reste intransigeant quant à la poursuite de la recherche de la vérité sur le trafic illicite de bois de rose. Il a donné un ordre formel à son Premier ministre et aux quelques membres du Gouvernement, dont le patron de la Justice, d’aller jusqu’au bout. En un mot, le numéro un de la Transition a donné le feu vert pour que la lumière soit faite sur ce fléau.
La balle est désormais dans le camp des enquêteurs et du ministère de l’Environnement. La semaine dernière, la Police nationale a déjà procédé à l’arrestation d’un jeune opérateur économique, mais pour des raisons qu’on ignore, il a été relaxé, vers minuit.
Par ailleurs, on vient de nous signaler que les agents du Bureau indépendant anti - corruption (Bianco) et ceux du Samifin (Sampana Malagasy iadiana amin’ny famotsiam - bola) ou Service de renseignements financiers, dans leur mission de lutte contre la corruption ou le blanchiment d’argent, sont mobilisés à l’heure actuelle. A vrai dire, des investigations sont désormais menées à l’encontre de certains hommes d’affaires, suspectés d’être impliqués dans le trafic de bois de rose. Les mouvements de leurs comptes et les virements en provenance de l’extérieur, notamment de la Chine et des pays de l’Asie, sont décortiqués ou scrutés à la loupe. L’Interpol et le Gafi ou Groupe d’actions financières internationales, dont Madagascar n’a qu’un statut d’observateur, sont également sollicités pour prêter main - forte aux enquêteurs nationaux. Une manière de dire que cette affaire aura une dimension internationale.
Interpellations !
En dehors des organismes internationaux œuvrant dans la protection de l’environnement, qui n’ont eu de cesse d’interpeller l’équipe dirigeante, certains Gouvernements des pays occidentaux ont vivement critiqué le pillage du patrimoine forestier à Madagascar. La dernière intervention en date était celle de l’Ambassadeur de France à Madagascar, Jean - Marc Châtaigner, qui a interpellé les dirigeants du régime de Transition. « …Cet appel s’adresse tout d’abord aux dirigeants actuels de la Transition. Votre responsabilité est grande pendant cette période intérimaire de mettre effectivement en place la gouvernance démocratique que vous aviez promise, en garantissant : (…), le refus de toute corruption et la préservation, pour vos enfants, des richesses exceptionnelles de Madagascar que sont le bois de rose ou les espèces protégées. Les trafiquants et leurs complices doivent être traduits en justice et sanctionnés », a annoncé cet Ambassadeur. Mais, le réseau mafieux ne se laisse pas faire. On s’attend à une riposte !
A cet effet, l’appui matériel et financier de ces pays est urgent pour qu’on puisse mettre la main sur les trafiquants et leurs complices. La mission du Général Herilanto Raveloharison semble délicate mais non impossible !
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